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Au Qatar, les habitants s'adaptent à l'embargo

Publié le 03/07/2017 10:44
Mis à jour le 03/07/2017 10:46
Des pêcheurs réparent leurs filets à Doha, le 2 juillet 2017 au Qatar (Photo . AFP)

Des pêcheurs réparent leurs filets à Doha, le 2 juillet 2017 au Qatar (Photo . AFP)

Ils achètent des légumes venus d'Iran ou de Turquie, surveillent plus attentivement leurs dépenses et se résignent à des voyages plus longs: les habitants du Qatar s'adaptent tant bien que mal à l'embargo imposé à l'émirat par ses voisins du Golfe.

Quatre semaines après la fermeture par l'Arabie saoudite de l'unique frontière terrestre du Qatar par laquelle passaient la majorité des importations, le petit émirat gazier a réussi à éviter les pénuries d'aliments.

La Turquie et l'Iran se sont portés à son secours en acheminant des denrées par les airs et par la mer.

"L'Etat a trouvé des alternatives et le problème (de l'approvisionnement) ne se pose pas (...) malgré une légère hausse des prix que nous pouvons toutefois supporter", témoigne Mohammed al-Chib, un fonctionnaire de 48 ans faisant ses courses dans un supermarché de Doha.

Mais ce père de famille a toutefois admis être contraint de rompre avec les dépenses superflues. "Nous avons tiré la leçon (de la crise) et nous consommons selon nos besoins".

Passé le choc des premiers jours de la crise et la crainte de pénuries, l'affluence a repris son rythme normal dans les supermarchés et les épiceries où les étals proposent désormais des produits laitiers, des légumes et des fruits en provenance de Turquie et d'Iran. Avant ces produits venaient surtout de Jordanie, de Syrie et du Liban par une voie terrestre passant par l'Arabie saoudite.

"Nous n'avons plus besoin de faire des stocks. Le marché est bien fourni mais les prix ont un peu augmenté", indique Maya, une expatriée libanaise rencontrée dans une grande surface de Doha.

Un habitant indien, qui tient une petite échoppe dans un quartier populaire, déplore de son côté la hausse des prix. "Après la fermeture des frontières, les prix ont bondi notamment pour la roquette, le persil et la ciboulette".

- 'Cauchemar' -

L'embargo commence à peser sur la vie quotidienne des 2,4 millions d'habitants du Qatar --dont plus de 90% d'étrangers-- qui sont confrontés notamment aux restrictions aériennes imposées à l'émirat.

Les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et Bahreïn ont en effet interdit le survol de leur espace aérien aux avions de Qatar Airways, entraînant des temps de vol rallongés pour certaines destinations. Et les compagnies de ces pays ont aussi mis fin à leurs liaisons vers Doha.

"Le blocus est un cauchemar dont nous espérons une fin rapide", lance Maya, exprimant un sentiment partagé par plusieurs expatriés qui se plaignent des difficultés rencontrées lors de leurs déplacements par avion.

Avec la suppression de certaines liaisons par les pays du Golfe, "un transit peut désormais atteindre jusqu’à neuf heures" via d'autres aéroports étrangers pour rejoindre certaines destinations depuis le Qatar, explique Maya.

Un ressortissant jordanien dit avoir "passé six heures en transit" à l'aéroport de Mascate pour un vol reliant Amman à Doha, via la capitale du sultanat d'Oman alors qu'il allait bien plus vite auparavant en passant par Dubaï.

Mais le plus dur a été la décision des adversaires du Qatar de renvoyer chez eux les citoyens qataris se trouvant sur leur territoire et le rappel de leurs propres ressortissants vivant au Qatar.

- Familles séparées -

"Pas moins de 13.314 ressortissants des quatre pays (Arabie, Emirats, Bahreïn et Qatar) ont été directement affectés" par cette mesure, a recensé le Comité national des droits de l'Homme (NHRC) du Qatar dans un communiqué publié samedi.

"C'est une violation" des droits de l'Homme, a accusé le Comité, qui a cité "la séparation de familles" et le piétinement des droits des citoyens "à la libre-circulation, à l'éducation, à la santé, au travail et à la liberté d'expression".

Dans un cas cité par les médias, une femme qatarie a été obligée de quitter les Emirats où elle vivait avec son mari et son enfant. Lorsqu'elle est arrivée à l'aéroport avec son bébé, on lui a dit qu'elle ne pouvait pas emmener son enfant avec elle car il avait la nationalité émiratie.

Human Rights Watch (HRW) a pour sa part évoqué samedi le cas d'un homme, Zayed al-Marri, bloqué depuis le 17 juin à la frontière avec l'Arabie saoudite.

Dans un communiqué, l'organisation humanitaire a appelé le Qatar à le laisser entrer sur son territoire, du moment que l'homme affirme avoir vécu depuis 1996 en Arabie saoudite après avoir été déchu de sa nationalité qatarie.

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