par Daniela Desantis et Philip Pullella
ASUNCIÓN (Reuters) - Le pape François a achevé dimanche un périple de huit jours en Amérique latine lors duquel il a censuré le capitalisme, soutenu les droits des pauvres, prôné l'écologie et appelé les jeunes à "mettre le bazar".
Dans des discours passionnés, le souverain pontife a appelé les déshérités à changer l'ordre économique mondial et fustigé la recherche avide de l'argent. Il a également demandé pardon pour les péchés commis par l'Eglise catholique contre les populations amérindiennes américaines à l'époque coloniale.
Lors d'une dernière rencontre avec plusieurs milliers de jeunes sur une plage d'Asunción, la capitale du Paraguay, le pape les a appelés à prendre soin de leurs semblables moins fortunés et à combattre pour une vie digne.
"Ils m'ont écrit un discours à vous faire. Mais les discours sont ennuyeux", a déclaré Jorge Mario Bergoglio sous les vivats, en mettant de côté son texte. "Mettez le bazar, mais ensuite, aidez aussi à ranger. Un bazar qui nous donne un coeur libre, un bazar qui nous donne la solidarité, un bazar qui nous donne l'espoir."
Ce n'est pas la première fois que le pape a appelé les jeunes à faire bouger les choses. Au Brésil en 2013, il les avait appelé à exiger une Eglise catholique davantage ouverte sur l'extérieur.
"Nous ne voulons pas de jeunes mauviettes. Nous ne voulons pas de jeunes qui se fatiguent vite, qui vivent leur vie épuisés avec l'ennui sur leur visage. Nous voulons des jeunes avec de l'espoir et de la force", a déclaré le pape devant la foule, alors que la nuit tombait sur les bords du Rio Paraguay.
METTRE FIN À LA CORRUPTION
Auparavant, le pape avait visité un bidonville à Asunción et exhorté ses habitants, dont beaucoup ont été contraints de quitter leur campagne, à rester unis dans leur lutte pour de meilleures conditions de vie et de travail.
Le pape, qui est d'origine argentine, a fait de la défense des pauvres un thème majeur de son voyage de "retour à la maison", qui l'a aussi mené en Bolivie et en Equateur, pays classés parmi les plus pauvres d'Amérique latine.
A son arrivée au Paraguay, le pape a appelé à consolider la démocratie et à mettre fin à la corruption et au trafic de drogue.
Quelque 100.000 personnes, pour la plupart des paysans contraints de quitter la campagne, vivent dans le bidonville de Banado Norte, non loin du centre d'Asunción.
De Banado Norte, le pape a ensuite célébré une messe sur une base aérienne désaffectée devant plus d'un million de personnes. La présidente argentine Cristina Fernandez, y a assisté, venue d'un coup d'avion.
Elle a salué le pape à la fin du service. Les deux avaient eu des relations difficiles quand il était archevêque de Buenos Aires, en raison de ses critiques contre la corruption et de leurs avis divergents sur les questions sociales telles que le mariage gay.
Le pape a repris l'avion pour Rome dans la soirée.
Donnant un avant-goût de son déplacement aux Etats-Unis en septembre, François a déclaré en Equateur que la protection de l'environnement n'était plus désormais un choix, mais un devoir si le monde veut sauver la planète de la ruine.
(Danielle Rouquié pour le service français)