Jain, Fakear, Broken Back ou François and The Atlas Moutains... Avant d'être à l'affiche des plus grands festivals, l'apprentissage du métier est passé pour ces chanteurs par des aspects moins glamours, comme savoir remplir sa déclaration d'impôt.
Sur les scènes de Bourges, la semaine prochaine, ils seront plus d'une dizaine de groupes et artistes à avoir suivi une formation du Fonds d'action et d'initiative rock (Fair), un dispositif initié par Jack Lang en 1989 qui, en plus de 25 ans, a vu passer plusieurs grands noms de la scène hexagonale: IAM, Louise Attaque, -M-, Miossec, Dionysos ou encore NTM...
Avec un budget annuel de 250.000 euros, le Fair permet chaque année à une "promotion" de jeunes artistes de franchir un "palier artistique mais aussi un palier dans leur gestion de carrière", estime son directeur Julien Soulié.
Les lauréats bénéficient d'une bourse de 7.000 euros, "souvent pour acheter des instruments", et se voient offrir "des oreillettes moulées à leurs anatomies pour la scène", ajoute le responsable. Ils ont aussi l'opportunité de se produire sur scène dans le cadre d'une tournée de 29 dates (jusqu'au 18 mai).
Mais il est aussi question de formation plus théorique.
Lors d'un récent cours dispensé par Marie-José Sallaber, directrice adjointe du Centre d'information et de ressources pour les musiques actuelles (Irma), les élèves de cette année ont dû remplir une feuille d'impôts. Objectif? "Leur expliquer quels écueils il faut éviter dans le domaine de la fiscalité, le problème des abattements sont abordés durant mes cours", dit-elle.
Pour les jeunes professionnels de la "promotion 2017" (parmi lesquels les chanteurs Marvin Jouno, O ou Pomme), neuf journées théoriques sont au programme.
- 'Gros coup de projecteur' -
"Être en mesure de savoir qui va gérer leur carrière est absolument nécessaire", estime Marie-José Sallaber, même si leur intérêt est "qu'ils prennent un manager".
Grâce à ces conseils juridiques, les artistes doivent être capables de "relire les contrats afin d'être au courant de ce qu'ils signent", observe Julien Soulié.
Parmi les cours dispensés par le Fair, l'un concerne aussi le marketing et l'élaboration d'une pochette de disque, un autre les relations avec les médias, en collaboration notamment avec le magazine Les Inrocks et Radio Nova.
"Le Fair est arrivé au moment où on en avait vraiment besoin. Ca a été un gros coup de projecteur, ça nous a apporté des dates, un soutien financier", confie à l'AFP Pierre Guénard, chanteur et guitariste de Radio Elvis, trio rock membre de la "promotion 2015" récompensé cette année aux Victoires de la musique pour son premier album.
Ce dispositif "nous a aidé à savoir comment gérer l'édition et les différentes sources de revenus car c'est parfois un peu compliqué", observe le chanteur.
C'est via le Fair et son directeur que le groupe avait notamment pu rencontrer son directeur artistique, Guillaume Depagne, directeur de la structure "Le Label" appartenant à la maison de disques Pias.
Pour pouvoir postuler à cet accompagnement assez unique dans le monde des musiques actuelles, les artistes ne doivent pas être de simples amateurs. "Il faut au moins 80% d’œuvres originales, être inscrit ou en cours d'inscription à la Sacem, avoir au moins un professionnel autour du projet. Ne pas avoir fait plus de 18 titres en +physique+ ou +digital+", détaille Julien Soulié.
Parmi les "centaines" de postulant, les lauréats sont désignés par "un comité artistique indépendant de la filière, qui change chaque année obligatoirement". C'est en septembre que ce jury arrête la liste des quinze lauréats qui tenteront de marcher sur les traces de Jain (promotion 2016), sacrée aux dernières Victoires de la musique et attraction du Printemps de Bourges la semaine prochaine.