par Sabine Siebold et Gabriela Baczynska
BRUXELLES (Reuters) - Les dirigeants de l'Union européenne ont discuté jeudi de moyens de lutter contre les nouveaux variants du coronavirus, d'accélérer les vaccinations et de sauver l'industrie du tourisme d'un nouvel été catastrophique, alors que Paris et Berlin ont prévenu que le COVID-19 serait là pour longtemps.
Réunis lors d'un sommet par visioconférence, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE sont convenus de maintenir des "restrictions strictes" sur la vie publique et sur les déplacements, alors que le bloc communautaire veut endiguer l'émergence de nouveaux variants plus contagieux du virus qui empêchent de relancer pleinement l'économie.
"Nous devons nous préparer à une situation dans laquelle nous devrons vacciner continuellement pendant une longue période, peut-être pendant des années, à cause des nouveaux variants du coronavirus, une situation semblable à celle que nous connaissons avec la grippe", a dit la chancelière allemande Angela Merkel à la presse à l'issue de la réunion virtuelle.
Le président français Emmanuel Macron, s'exprimant devant les journalistes, a déclaré qu'il faudra vivre longtemps avec ce virus.
Mario Draghi, le nouveau président du Conseil italien, a appelé l'UE à adopter une position plus dure à l'égard des laboratoires produisant les vaccins contre le COVID-19, alors que les livraisons des doses ont connu des retards.
La Commission européenne, qui supervise les commandes, a indiqué aux Vingt-Sept que 51,5 millions de doses de vaccin ont jusqu'à présent été livrées à travers l'UE, et que 29,17 millions d'entre elles ont été administrées.
"PAS BAISSER LA GARDE"
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a souligné que Bruxelles voulait "davantage de prévisibilité et de transparence" des laboratoires ayant échoué à livrer les volumes de vaccins convenus, jetant une ombre sur l'objectif de l'UE de vacciner 70% de sa population adulte d'ici la fin de l'été.
Ursula von der Leyen a fait part de son optimisme concernant cet objectif, disant qu'il devrait être atteint. La présidente de la Commission européenne a dit toutefois que Bruxelles gardait "un oeil étroit" sur AstraZeneca (LON:AZN) du fait des livraisons revues à la baisse par le laboratoire anglo-suédois.
Les dirigeants de l'UE sont convenus de continuer de travailler sur des certificats de vaccination, les pays du Sud espérant pouvoir profiter d'une saison de vacances estivales pleine, alors que la crise sanitaire a tué plus de 900.000 personnes en Europe et plongé le continent dans sa pire récession.
Angela Merkel a indiqué aux journalistes que ce "passeport" - qu'Emmanuel Macron a désigné comme un "pass vaccinal" - devant permettre aux citoyens européens de voyager à l'intérieur du bloc serait vraisemblablement disponible avant l'été.
Toutefois certains pays, dont la France et la Belgique, s'inquiètent que faciliter les voyages pour les personnes vaccinées constituent une discrimination envers les autres - notamment les jeunes, a dit Emmanuel Macron.
Par ailleurs, Angela Merkel a déclaré ne pas s'attendre dans l'immédiat à des contrôles à la frontière franco-allemande en Moselle, où les mesures sanitaires ont été renforcées.
Si les taux d'infection sont en baisse dans la majorité des pays de l'UE, une inquiétude demeure sur une possible flambée de la pandémie avec la propagation rapide du variant dit britannique du coronavirus.
Ursula von der Leyen a prévenu que ce variant plus contagieux était déjà présent dans 26 des 27 Etats membres et qu'il ne fallait "pas baisser la garde".
(avec Michel Rose, Jan Strupczewski, Francesco Guarascio et John Chalmers; version française Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian)