PARIS (Reuters) - Le Conseil de Paris a adopté lundi le projet de réforme du statut de la capitale défendu par Anne Hidalgo, qui vise notamment à fusionner les quatre arrondissements centraux et à récupérer des pouvoirs détenus jusqu'ici par l'Etat.
L'opposition de droite, qui a voté contre, est vent debout contre la maire socialiste, qu'elle accuse de vouloir redécouper Paris dans l'urgence afin d'en faire une citadelle imprenable pour les prochaines municipales de 2020.
Pour être mis en oeuvre, les trois "voeux" adoptés devront passer par l'adoption d'une loi dès cette année au Parlement.
Le projet vise à regrouper les conseils des quatre arrondissements centraux (Ier, IIe, IIIe, et IVe), les moins peuplés, avec un seul maire à leur tête. Mais les codes postaux resteraient les mêmes.
Anne Hidalgo veut en outre que la Ville et le département ne fassent plus qu'un et que Paris recouvre des pouvoirs, notamment en matière de circulation, de pollution et de propreté, jusqu'ici détenus par le préfet de police.
Se défendant d'arrière-pensées électorales, elle a mis en avant son souci de "rétablir l'égalité dans le rapport démocratique" entre les habitants des petits et des grands arrondissements.
Le Ier arrondissement compte par exemple 17.000 habitants quand il y en a 240.000 dans le XVe.
"C'est l'intérêt exclusif des Parisiens qui est en jeu. C'est pourquoi nous avons voulu exclure tout clivage partisan", a-t-elle affirmé devant le Conseil de Paris.
Dans le domaine de la sécurité, le projet ne remet pas en cause les prérogatives de la préfecture de police pour le maintien de l'ordre public et la police judiciaire, alors que l'opposition de droite voudrait créer une police municipale.
"PASSAGE EN FORCE"
Mais Anne Hildalgo veut tout de même obtenir le transfert vers la mairie des agents de surveillance (ASP, les "Pervenches") pour "mettre en place une police du quotidien" habilitée notamment à lutter contre les incivilités.
La droite reproche à la maire socialiste de n'avoir fait aucune mention de cette réforme dans son programme électoral, puis de l'avoir préparée dans le plus grand secret et de vouloir aujourd'hui l'imposer dans la précipitation.
"Rien ne justifie un tel passage en force", a dit Nathalie Kosciusko-Morizet, présidente du groupe Les Républicains (LR), qui a tenté, en vain, d'obtenir un report du débat.
"Vous prenant tout à la fois pour Napoléon III et le baron Haussmann, vous voulez refaire Paris à votre main", a lancé Jean-Pierre Lecoq, autre élu LR.
"Nous sommes nombreux à penser que vous ne vous arrêterez pas aux quatre premiers arrondissements", a-t-il ajouté, laissant entendre que ce redécoupage global pourrait être initié par le Parlement.
D'autres scénarios de fusion ont été initialement imaginés par la Ville.
Au nom du groupe UDI-Modem, Marielle de Sarnez a estimé pour sa part qu'Anne Hidalgo passait à côté d'une "vraie réforme" qui verrait Paris se libérer plus complètement de la tutelle de l'Etat et son maire élu au suffrage universel direct.
(Gérard Bon, édité par Sophie Louet)