par Lucia Mutikani
WASHINGTON (Reuters) - Le nombre de créations d'emplois a augmenté plus que prévu en juin aux Etats-Unis, avec un temps de travail un peu plus élevé, signes d'un marché du travail vigoureux qui pourraient conforter la volonté de la Réserve fédérale de réaliser une troisième hausse de taux cette année malgré une inflation faible.
L'économie américaine a créé 222.000 emplois non agricoles le mois dernier, a annoncé vendredi le département du Travail.
Les chiffres d'avril et de mai ont été révisés en hausse pour afficher un total de 47.000 créations d'emplois de plus qu'annoncé au départ.
Le taux de chômage de son côté s'est élevé à 4,4%, contre 4,3% en mai, en raison surtout de personnes ayant voulu changer d'emploi, un signe de la confiance dans le marché du travail.
Les économistes interrogés par Reuters anticipaient 179.000 créations d'emplois en juin et un taux de chômage de 4,3%, le niveau le plus bas depuis 16 ans.
Le taux de chômage a baissé de quatre dixièmes de point de pourcentage cette année et se situe près de la plus récente prévision médiane de la Fed pour 2017.
Le temps de travail hebdomadaire moyen est passé à 34,5 heures en juin contre 34,4 en mai.
La bonne tenue du marché du travail pourrait également inciter la Fed à commencer à réduire son bilan, qui contient actuellement 4.200 milliards de dollars d'actifs, malgré l'incertitude sur les perspectives en matière d'inflation.
La Fed a relevé son taux de référence en juin pour la deuxième fois cette année. Mais avec une inflation en mai en dessous de l'objectif de 2% de la Fed, les économistes n'attendent pas de nouvelle hausse des taux avant décembre.
FAIBLE RÉACTION DES MARCHÉS
Les contrats à terme sur les indices de Wall Street ont légèrement augmenté leurs gains au moment de la publication de ces chiffres et le Dow Jones gagne 0,22% vers 14h25 GMT Le dollar s'est brièvement orienté à la baisse face à un panier de devises avant de retrouver son niveau d'avant les chiffres et les rendements des Treasuries à 10 ans ont réduit un peu leur hausse avant de repartir à la hausse.
Les créations d'emploi de juin ont dépassé la moyenne mensuelle de 186.000 établie en 2016, renforçant les hypothèses selon lesquelles l'économie a repris de la vigueur au deuxième trimestre après une performance morose en début d'année.
Mais le rythme de la croissance de l'emploi devrait ralentir avec l'arrivée à une situation de plein emploi. Il y a de plus en plus d'indices qui montrent que les entreprises peinent à trouver des travailleurs qualifiés.
En conséquence, les entreprises augmentent progressivement les salaires dans le but de conserver leurs employés et d'en attirer de nouveau. Les économistes s'attendent à ce que la pénurie de main d'oeuvre dope la croissance des salaires, qui est restée faible jusqu'ici malgré un marché plus tendu.
Le salaire horaire moyen a augmenté de quatre cents ou 0,2% en juin après un gain de 0,1% en mai et contre un consensus à +0,3%. Sur un an, la hausse ressort à 2,5% contre 2,4% en mai.
Le président américain Donald Trump, qui a hérité d'un marché du travail robuste de la précédente administration Obama, s'est engagé à le renforcer encore et à stimuler la croissance via des baisses d'impôts et des mesures de dérégulation.
L'économie américaine a besoin de créer 75.000 à 100.000 emplois par mois pour suivre la croissance de la population en âge de travailler.
CAPACITÉS INEMPLOYÉES
Mais il existe encore une certaine marge de capacités non employées sur le marché du travail.
En utilisant une mesure plus large du chômage, qui prend en compte les personnes souhaitant travailler mais qui ont renoncé à toute recherche et celles travaillant à temps partiel faute de mieux, celui-ci est passée à 8,6% en juin, contre de 8,4% en mai, qui était son niveau le plus bas depuis novembre 2007.
Dans le même temps, le taux de participation de la population active, ou la part des Américains en âge de travailler qui sont employés ou du moins à la recherche d'un emploi, a augmenté d'un dixième de point de pourcentage à 62,8%.
Les créations d'emplois ont été importantes en juin en raison notamment du nombre d'embauches dans les usines, qui ont été de 1.000, après 2.000 suppressions de postes en mai. Mais dans le même temps, le secteur automobile a perdu plus de 1.300 emplois à cause du ralentissement du marché et d'une hausse des stocks, qui ont amené les industriels à réduire leur production.
Ford Motor a par exemple annoncé son intention de supprimer 1.400 emplois en Amérique du Nord et en Asie via des départs anticipés à la retraite et autres incitations financières. D'autres constructeurs automobiles, à l'instar de General Motors (NYSE:GM), vont fermer leurs usines d'assemblage cet été, ce qui mettra temporairement des salariés au chômage forcé.
La construction a également contribué aux créations d'emplois, avec 16.000 nouveaux postes le mois dernier.
Les distributeurs de leur côté ont recruté 8.100 employés, un répit inattendu pour le secteur qui venait de perdre des emplois pendant quatre mois consécutifs.
Les grands magasins comme J.C. Penney, Macy's et Abercrombie & Fitch souffrent de la concurrence du commerce en ligne, en particulier d'Amazon (NASDAQ:AMZN).
L'emploi public, pour sa part, a rebondi avec 35.000 postes supplémentaires le mois dernier.
(Juliette Rouillon et Claude Chendjou pour le service français, édité par Patrick Vignal)