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En Ardèche, la petite guêpe n'aura pas eu raison de la châtaigne

Publié le 21/10/2016 10:53
TO GO WITH AFP STORY BY PIERRE PRATABUY La récolte des châtaignes débute à Lamastre, dans le sud-est de la France, le 19 octobre 2016 (Photo PHILIPPE DESMAZES. AFP)

TO GO WITH AFP STORY BY PIERRE PRATABUY La récolte des châtaignes débute à Lamastre, dans le sud-est de la France, le 19 octobre 2016 (Photo PHILIPPE DESMAZES. AFP)

L'automne a pris du retard mais les premières bogues tombées sur le nord de l'Ardèche ont sonné l'heure des châtaignes. Avec l'espoir de tourner la page du cynips, un parasite qui a fortement réduit la récolte ces dernières années.

Au bas d'une pente, une poignée de femmes et d'hommes avancent en zigzaguant au pied de grands arbres dont les plus vieux, au tronc épais et noueux, ont trois ou quatre siècles d'existence. Sur cette parcelle, différentes variétés de "Castanea sativa", l'espèce européenne, sont mélangées - le département en compte plus de soixante.

Dos courbé ou accroupis, il faut donc faire le tri à la main - gantée car qui s'y frotte s'y pique. Les gros calibres comme la "comballe", dont la saveur sucrée a fait la réputation de la châtaigne ardéchoise, seront vendus en fruits de bouche pour être grillés; les petits iront à la transformation, en crème de marrons, conserve ou farine.

Ailleurs, sur des plantations plus homogènes où les bogues tiennent encore, des filets ont été disposés pour faciliter la récolte - un aspirateur permettra même de l'accélérer encore.

"On espère faire quarante tonnes cette année", confie Michel Grange, le propriétaire des lieux installé à Lamastre, petit bourg de 2.600 âmes niché dans le Haut-Vivarais. Sur ces collines entre 500 et 900 mètres d'altitude, il exploite 25 hectares de châtaigneraie, soit environ deux mille arbres qu'il a en grande partie plantés lui-même.

- Lâchers de torymus -

Sur un potentiel de 60 tonnes, seules 32 avaient été ramassées il y a trois ans sur ses terrains. La faute au cynips, une petite guêpe venue d'Asie qui empoisonne la vie des castanéiculteurs depuis son arrivée en Ardèche en 2010.

Ce parasite majeur du châtaignier, à l'échelle mondiale, pond dans les bourgeons et y forme des galles qui empêchent la fructification. Mais depuis 2015 dans la région, des lâchers massifs de torymus, insecte prédateur du cynips, semblent porter leurs fruits.

"On s'attendait cette année au pic de l'infestation, avec une récolte limitée à 25-30%, mais on devrait avoir une demi-récolte et on a bon espoir de ne pas tomber plus bas dans le futur", explique Sébastien Debellut, du comité interprofessionnel.

"Les rendements vont revenir", confirme Michel Grange. Mais un fléau chasse l'autre: il s'inquiète du retour de la maladie de l'encre, ce champignon qui attaque les racines de l'arbre et le fait dépérir. "Là, on n'a pas de moyen de lutte; on ne peut faire que de la prévention à l'aide d'un porte-greffe hybride tolérant la maladie."

Dans la famille, cela fait sept générations, "au moins", qu'on ramasse les châtaignes, précise le producteur de 57 ans dans son atelier de transformation mécanisé - notamment pour l'épluchage - qui traite sa récolte et celle de 45 clients.

L'activité a changé d'échelle depuis ses parents qui ne trouvaient dans les bogues qu'un complément à leurs revenus tirés de l'élevage.

- La Chine, numéro un mondial -

En Ardèche, la castanéiculture remonte au Moyen-Âge et a connu son âge d'or vers 1860: la production atteignait alors 40.000 tonnes, sur 60.000 hectares exploités. Les maladies, l'exode rural et l'industrie des tanins ont ensuite divisé la superficie par dix.

Le département compte aujourd'hui un millier de producteurs, la moitié professionnels, et deux coopératives. Avec 5.000 tonnes en temps normal, il fournit la moitié de la production française, à la traîne derrière la Turquie, l'Espagne, le Portugal et l'Italie, et plus encore la Chine, qui pèse 90% du marché mondial avec 1,6 million de tonnes.

Face à la concurrence, le fruit ardéchois est protégé depuis 2006 par une AOC, devenue AOP en 2014. Ce label sert d'argument marketing à des fabricants locaux de marrons glacés comme Sabaton ou Imbert à Aubenas, mais, le plus souvent, ces délices de Noël sont produits à partir de châtaigne importée.

En outre, l'appellation ne protège pas la crème de marrons de l'Ardèche dont la recette, déposée en 1924 par Clément Faugier à Privas, est tombée dans le domaine public.

La demande augmentant néanmoins pour la "castanea" locale, la filière projette de reconquérir 2.000 hectares de châtaigneraie. Avec l'idée d'y installer des jeunes en les aidant dans leur première tâche, l'élagage.

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