Total a confirmé vendredi mener une "réflexion" sur une éventuelle cession de sa filiale TIGF, gérant notamment 13% du réseau national de gazoducs, une semaine après avoir démenti ce projet auquel s'opposent syndicats et élus de la région paloise.
"Le groupe est dans une réflexion quand à sa position d'actionnaire de TIGF. Cette réflexion ne fait que commencer. Aucun projet n'est arrêté à ce stade", a déclaré à l'AFP un porte-parole de Total.
De son côté, le secrétaire général de TIGF, Olivier Robinet, a indiqué que "cette étude peut à terme prendre position sur une cession ou non", "le champ des possibles" étant "très large".
De source proche du dossier on explique notamment qu'une éventuelle "évolution" de l'actionnariat imposée par de nouvelles normes européennes n'implique pas forcément une "cession".
Le lancement de cette réflexion autour de la cession, à laquelle sont opposés les syndicats et les élus locaux, a été annoncé jeudi à Pau lors d'un comité d'entreprise exceptionnel (CEE).
Un calendrier de l'étude a d'ailleurs été communiqué au cours de ce CEE. Il précise qu'elle "a commencé la troisième semaine de juillet et qu'elle devrait s'achever fin décembre", a indiqué Serge Marcadier, délégué CGT de cette filiale de Total spécialisée dans le transport et le stockage de gaz naturel.
Le 27 juillet, le géant pétrolier français Total avait nié avoir mis en vente cette filiale gérant le réseau de transport et de stockage de gaz naturel dans le Sud-Ouest, semblant démentir tout projet en ce sens.
Cependant mercredi, le député PS des Pyrénées-Atlantiques David Habib, opposé à une telle cession, avait indiqué après un entretien avec le président du réseau gazier TIGF, Daniel Laure, que celui-ci lui avait confirmé qu'une réflexion sur l'éventuelle cession du réseau était menée chez Total.
Lors du comité d'entreprise "nous avons déploré le fait d'avoir eu des nouvelles sur cette éventuelle cession qu'à travers la presse", a tenu à souligner le délégué CGT.
Vendredi matin, une grève des salariés de TIGF, à laquelle avait appelé l'intersyndicale en guise "d'avertissement" envers la direction, a été suivie par 90% du personnel travaillant dans le Sud-Ouest, selon M. Marcadier.
Un chiffre non confirmé par le secrétaire général de TIGF qui a cependant reconnu que le mouvement social "a été très largement suivi".
Dans la matinée, les salariés grévistes se sont rassemblés devant le siège de l'entreprise à Pau, en présence d'élus locaux qui ont pris la parole aux côtés des salariés.
"Nous voulons que TIGF reste dans le giron de Total", a rappelé M. Marcadier, estimant qu'en cas de cession "nous ne serions plus adossés à un groupe pétrolier" et qu'une vente "à des capitaux privés aurait un impact sur la politique énergétique nationale".
TIGF de son côté précisé que l'étude lancée est motivée par l'évolution des normes européennes, en particulier la Directive concernant le marché du gaz, tendant à renforcer l'indépendance des gestionnaires de réseaux gaziers face aux producteurs, ce qui obligerait Total, producteur, à se distancer de sa filiale.
TIGF emploie plus de 460 salariés dans le grand Sud-Ouest et assure tout le transport des flux de gaz nord-sud au niveau national.
Le réseau réalise un chiffre d'affaires annuel de près de 353 millions d'euros. TIGF exploite 13% du réseau national de gazoducs, réalise 15% du transit gazier national et dispose de 22% des capacités françaises de stockage de gaz.
Une délégation syndicale doit être reçue lundi par le préfet des Pyrénées-Atlantiques. Des élus ont aussi saisi le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, sur cette question.