Free (Iliad) est devenu vendredi le quatrième opérateur mobile français, l'aboutissement d'un long combat pour le fournisseur d'accès internet, mais aussi le début d'un chantier de deux ans pour créer son réseau, avec la promesse de lancer des offres moins chères début 2012.
L'Autorité de régulation des télécoms (Arcep) a "retenu la candidature de la société Free Mobile (la dénomination sous laquelle Free a postulé, NDLR)" pour la 4e licence mobile, a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Une annonce sans surprise, Free étant le seul candidat en lice, qui a été saluée par la Bourse où le titre a terminé en hausse de 3,67% à 83,72 euros, dans un marché en légère baisse.
Le dossier de Free, dont une première candidature avait été rejetée en 2007, a été noté 382 sur 500 par l'Arcep et les deux critères majeurs, crédibilité du projet et couverture du territoire, ont eu respectivement 72 et 64 sur 100.
"La note globale de Free se situe plutôt dans le haut de la fourchette" par rapport à celles obtenues par Orange (France Télécom), SFR et Bouygues Telecom quand ils ont eu leur licence, ce qui traduit un dossier "de bonne qualité", a souligné le président de l'Arcep Jean-Ludovic Silicani.
Pour l'Arcep, dont les membres ont voté à l'unanimité en faveur de Free, l'arrivée de ce 4e opérateur est une bonne nouvelle car elle "devrait avoir un effet favorable sur la dynamique du marché de la téléphonie mobile", un secteur où les trois autres opérateurs ont été condamnés pour entente fin 2005.
En mobile, "le prix moyen pour le consommateur français est très supérieur à ce qu'il est dans le reste de l'Europe", "parfois trois fois supérieur", a rappelé M. Silicani.
"On pense qu'aujourd'hui payer à la consommation, c'est passé et démodé", a assuré sur i-Télé Xavier Niel, patron d'Iliad, maison mère de Free qui promet "des factures sans surprise". S'exprimant sur le coût des abonnements chez les autres opérateurs, "rien ne justifie aussi élevé", a-t-il renchéri dans une interview au Figaro à paraître samedi.
Free s'est engagé à lancer ses offres au plus tard début 2012, promettant de couvrir alors 27% de la population, puis 75% en 2015 et 90% en 2018.
Il recevra sa licence mi-janvier et paiera à cette date 240 millions d'euros, une somme versée au fonds de garantie des retraites. En incluant le déploiement du réseau, l'Arcep évalue l'investissement à environ 2 milliards.
Grâce à sa base de clients - 4,4 millions de foyers, soit 10 à 12 millions d'individus -, Free vise "entre 2015 et 2020, entre 10 et 15% du marché mobile", selon l'Arcep.
Les associations de consommateurs UFC-Que Choisir et CLCV se sont réjouies de la nouvelle, mais ont affirmé toutes deux vouloir être vigilantes sur ses relations avec les clients, parfois mauvaises dans l'internet.
Même si l'arrivée de Free "est un coup de pied dans la fourmilière" qui oblige les autres opérateurs à innover, Stéphanie Baghdassarian, analyste au cabinet Gartner, se dit "réservée sur son succès en tant que tel, car déployer un réseau mobile, c'est compliqué et ça coûte de l'argent".
Le directeur général de Free Maxime Lombardini a affirmé à l'AFP vouloir déployer son réseau "le plus vite possible", disant avoir déjà commencé à chercher des emplacements pour ses antennes.
Selon Bercy, l'arrivée d'un 4e opérateur devrait baisser les prix de 7%, mais Stéphane Dubreuil, du cabinet Sia Conseil, est plus mesuré : "le prix global ne va pas s'effondrer".
"La vraie question, c'est: est-ce que Free va être capable de casser les codes dans le mobile comme il l'a fait dans l'ADSL", en inventant la box? "Là, il arrive dans un secteur avec trois géants en place".
Contactés, ni Orange ni Bouygues Télécom n'ont souhaité s'exprimer. Un porte-parole de SFR a souhaité "bienvenue et bonne chance" au nouveau venu.