Le marché automobile français a renoué en 2013 avec ses plus bas niveaux depuis plus de 15 ans avec 1,79 million de voitures neuves vendues, et seul un léger rebond est attendu cette année.
Le recul atteint 5,7% en données brutes et 5% à nombre de jours ouvrables comparables, selon les chiffres publiés jeudi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Les ventes de véhicules utilitaires légers ont baissé de 4,4% en données brutes.
L'année 2013 avait très mal commencé après un mauvais millésime 2012, mais le marché s'est progressivement redressé au deuxième semestre. En décembre, les immatriculations ont encore bondi de 9,4% en données brutes, sans que les professionnels y voient forcément la conséquence de la hausse de la TVA au 1er janvier ou du durcissement des malus auto.
"Le millésime 2013 est à oublier", estime cependant Flavien Neuvy, de l'observatoire spécialisé Cetelem.
PSA Peugeot Citroën et Renault, qui dominent le marché hexagonal avec 53% de part de marché, s'en sont dans l'ensemble mieux sorti que leurs concurrents étrangers. Renault, avec sa marque au losange et Dacia, a grappillé 0,8% mais PSA Peugeot Citroën a vendu 7,7% de voitures en moins.
L'année s'est bien passée" pour Renault, se félicite son directeur commercial Bernard Cambier, avec pour preuve la Clio IV qui est le modèle le plus vendu dans le pays. "On termine l'année avec un carnet de commandes en hausse de 24% par rapport à l'année dernière", souligne-t-il. En 2014 sortira aussi la nouvelle Twingo.
Citroën a traversé en revanche une période compliquée par "des perturbations (liées à) la fermeture de l'usine d'Aulnay", explique son directeur France Philippe Narbeburu. Résultat, ses immatriculations ont reculé de 10,6% sur l'année. Mais la production a repris normalement et la marque compte notamment sur ce modèle, plus le C4 Picasso et le C Cactus qui sera commercialisé vers juin pour tirer les ventes. A fin décembre, son carnet de commandes a progressé de plus de 20%.
"L'année a été globalement positive" pour Peugeot, a estimé son directeur France Xavier Duchemin, soulignant le succès des motorisations hybrides de la gamme. Les ventes de la marque au lion ont néanmoins baissé de 5,2%.
Parmi les marques étrangères, le numéro un européen Volkswagen a lâché 8,1% et les groupes américains General Motors et Ford ont plongé de 15,8% et de 17,3%. Seuls le japonais Toyota (+5,5%) et l'italien Fiat (+2,4%) ont connu une progression de leurs ventes.
"On a atteint le fond de la piscine et le marché devrait rester stable en 2014", estime un porte-parole du CCFA. Il est retombé à son niveau de 1997.
Son analyse est partagée par les marques et les analystes. M. Neuvy prévoit "un léger rebond de 2%". "Les prévisions macroéconomiques sont plus favorables pour 2014", souligne-t-il. Pour autant, aucun redressement significatif n'est à attendre "tant que le chômage n'aura pas significativement diminué", tempère Jean-François Belorgey, associé chez EY (ex Ernst & Young).
Tous deux estiment qu'il faudra encore plusieurs années avant que le marché ne renoue avec ses niveaux d'avant crise et plus de 2 millions d'unités.
Parmi les rares éclaircies, en 2013, les segments des 4x4 urbains et du low cost se sont bien portés et la tendance devrait se poursuivre cette année, soulignent les analystes.
En revanche "l'électrique n'est toujours pas là", avec des ventes qui restent anecdotiques, relève M. Belorgey, et les ventes de voitures diesel ont chuté de 13,3% en 2013 sur un an. La guerre des prix devrait aussi se poursuivre, ce qui n'est pas sans conséquence sur les marges des groupes automobiles dont certains, comme PSA, sont déjà mal en point.
En Europe, le marché automobile espagnol a réalisé une meilleure performance en 2013, avec un rebond de 3,3%. Il reste toutefois à un niveau très bas avec 722.703 voitures neuves vendues.