PARIS (Reuters) - Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a annoncé mardi la fin des cinq unités dédiées aux personnes radicalisées en France, au profit d'un plan d'ensemble de sécurisation des prisons contre la radicalisation violente.
Trois-cents places seront ainsi créées dans des centrales pénitentiaires pour les profils les "plus durs", qui se verront appliquer "les conditions les plus strictes", proches de l'isolement, a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.
"Nous allons arrêter ces unités dédiées telles qu'elles existent aujourd'hui", a déclaré Jean-Jacques Urvoas, précisant que seront créés à la place six "quartiers d'évaluation de la radicalisation", à Fleury-Mérogis, Fresnes, Osny, Bordeaux et Marseille. Ces quartiers accueilleront 100 détenus, pour quatre mois maximum.
Le ministre de la Justice a également annoncé la création d'équipes de sécurité pénitentiaire, qui seront armées lors des missions extérieures, comme les extractions, ainsi qu'un renforcement du renseignement pénitentiaire avec la création de 51 postes qui s'ajouteront aux 186 agents actuels.
Prié de dire si les unités dédiées expérimentées depuis neuf mois étaient un échec, Jean-Jacques Urvoas a répondu : "Non, il fallait le faire, c'était courageux".
Une première unité avait été créée à l'initiative du seul directeur de la prison de Fresnes, puis le dispositif avait été étendu à quatre autres établissements.
Il avait fait l'objet de vives critiques, la Contrôleur générale des lieux de privation de liberté Adeline Hazan jugeant ses effets "pervers".
Jean-Jacques Urvoas a dit avoir pris en compte les éléments positifs de ces unités et fait en sorte de pallier leurs défauts, comme l'absence de coordination.
"S'il faut s'adapter, nous continuerons à nous adapter", a-t-il dit. Ainsi, un nouveau dispositif expérimental sera testé en milieu ouvert en Île-de-France à partir de décembre pour des personnes condamnées sous contrôle judiciaire.
L'objectif du ministre est de s'adapter à une possible "déferlante" de détenus radicalisés, notamment avec le retour probable de djihadistes au fil des revers subis par l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie.
Selon le ministère, 349 personnes, dont 31 femmes et 18 mineurs, sont actuellement détenus sous la dénomination de malfaiteurs terroristes.
Au total, "1.336 détenus, pour l'essentiel de droit commun, sont identifiés comme radicalisés", a souligné Jean-Jacques Urvoas.
(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)