BP a fait un grand pas pour solder le lourd héritage de l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon en réglant à l'amiable et à bon prix une partie du contentieux, ce qui pourrait aider à un accord global avec la justice américaine, saluaient lundi les analystes.
Selon les termes d'un accord trouvé ce week-end, le géant pétrolier britannique va verser 7,8 milliards de dollars pour indemniser les personnes et des entreprises privées de la région du golfe du Mexique souillée par la marée noire qui a suivi la catastrophe, comme les pêcheurs par exemple.
L'annonce a été bien accueillie à la Bourse de Londres, où l'action BP prenait 1,54% à 504,15 pence lundi vers 12H20 GMT, dans un marché en baisse de 0,48%.
Les analystes ont unanimement estimé que BP était parvenu à régler dans de bonnes conditions une part importante du contentieux hérité d'une catastrophe ayant tellement ébranlé le groupe que sa survie avait un temps semblé en danger.
L'explosion le 20 avril 2010 de Deepwater Horizon, à quelque 80 kilomètres au large de La Nouvelle-Orléans, dans le sud des Etats-Unis, avait fait onze morts et répandu des centaines de millions de litres de brut dans le golfe du Mexique jusqu'à la fermeture du puits quatre mois plus tard.
L'accord amiable a été salué comme une "réussite impressionnante" par Barclays Capital et "une bonne nouvelle" par le courtier Killik & Co, qui souligne que la somme de l'accord est nettement inférieure aux 14 milliards de dollars évoqués récemment dans la presse.
BP va puiser la somme dans les fonds qu'il a mis de côté en 2010 pour indemniser les victimes de la marée noire, qui s'élèvent à 20 milliards de dollars, et n'a pas besoin de prendre de nouvelles provisions après le total de 37,2 milliards déjà passés dans ses comptes.
Le groupe n'est pourtant pas au bout de ses soucis juridiques, puisqu'il fait encore notamment face aux plaintes du département de la Justice américain et de plusieurs Etats. La facture finale de l'accident est donc encore loin d'être connue.
"Ce règlement est un premier pas important, qui permet aux actionnaires de voir de la lumière au bout du tunnel --même si ce n'est clairement pas le bout du chemin", a rappelé ainsi HSBC.
Le report du procès, qui devait s'ouvrir lundi, à une date pour l'instant inconnue permet toutefois à BP de gagner du temps pour espérer un arrangement du même type avec l'ensemble des parties, dont l'Etat américain.
"Nous considérons que cet accord constitue un pas significatif vers un règlement plus large", a ainsi salué Peter Hutton, un analyste de la Banque royale du Canada (RBC).
"La probabilité que BP puisse échapper à un procès a augmenté", estiment aussi ses collègues de Morgan Stanley.
Le britannique est accusé dans ce dossier aux côté du propriétaire de la plateforme naufragée, le suisse Transocean, et de l'américain Halliburton, qui avait réalisé le coffrage en ciment de la plateforme. Les groupes se sont accusés mutuellement devant la justice d'être responsables de la catastrophe, un contentieux qui est pour sa part loin d'être clos.