Les résultats annuels mardi de ThyssenKrupp sont attendus en forte baisse, alors que le géant allemand de l'acier fait face à la faiblesse du marché européen, à des difficultés pour céder ses usines au Brésil et aux Etats-Unis, et à une série de scandales qui entachent son image.
Né de la fusion en 1997 des vieux concurrents industriels Thyssen et Krupp, le groupe, 14ème producteur d'acier mondial, fabricant d'ascenseurs, de sous-marins et d'équipement pour l'industrie automobile, tenait lundi son conseil de surveillance, à la veille de sa conférence de presse de résultats annuels.
Selon le consensus des économistes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, ThyssenKrupp devrait enregistrer au quatrième trimestre une perte nette de 87 millions d'euros, après une perte de 1,51 milliard d'euros au cours de la même période en 2011, et un effondrement de son résultat opérationnel Ebit de 91% à 46 millions d'euros.
Principale explication évoquée par les analystes, le groupe a souffert de la faiblesse de son activité sur le marché européen, en raison de la crise en zone euro qui affecte tout particulièrement les constructeurs automobiles, très gourmands en produits d'acier.
Par ailleurs, il a accumulé les pertes dans ses usines d'acier américaines, l'une au Brésil, l'autre aux Etats-Unis, dont la vente a été repoussée à maintes reprises faute d'un accord satisfaisant avec les repreneurs potentiels.
Régulièrement qualifiées de "désastre économique" par la presse allemande, ces deux sites, rassemblés dans la division "Steel Americas" et pour lesquelles ThyssenKrupp a déjà investi à ce jour plus de 10 milliards d'euros, pèsent à hauteur de 7,8 milliards d'euros dans les comptes de l'entreprise.
Pour ne rien arranger, le nom de ThyssenKrupp a été associé ces derniers mois à une série de scandales impliquant des membres de sa direction et dans une affaire d'entente entre aciéristes sur les prix du rail en Allemagne, pour laquelle il a déjà été condamné à payer 103 millions d'euros.
Les médias allemands se sont également fait l'écho d'intenses luttes de pouvoir au sein de la direction pour garder la haute main sur l'avenir du groupe.
Bataille entre anciens
Conséquence de ces déboires, ThyssenKrupp a annoncé la semaine dernière son intention de se séparer d'ici la fin de l'année de trois membres du directoire: Olaf Berlien, Edwin Eichler et Jürgen Claasen.
"Les évènements récents ont porté préjudice à l'image de l'entreprise. Ils donnent l'impression que l'on continue à se battre entre anciens de Thyssen et de Krupp", a déclaré à l'AFP Michael Broeker, analyste pour le cabinet Steubing.
En parallèle, ThyssenKrupp est embarqué dans un vaste programme de restructuration qui doit le voir céder d'ici la fin de l'année des activités représentant un quart de son chiffre d'affaires de 2010/2011.
En septembre, il a vendu sa filiale spécialisée dans les flans d'acier soudés Tailored Blanks au chinois Wuhan Iron and Steel (Wisco), pour un montant non dévoilé, et va céder sa filiale ThyssenKrupp Construction au groupe irlandais Kingspan pour près 65 millions d'euros.
Au cours des mois à venir, il va étudier l'avenir de ses activités d'acier en Allemagne, affirmait lundi l'hebdomadaire Wirtschaftswoche, selon qui le groupe n'exclut aucune option.
L'annonce mardi d'"une possible séparation des branches +Matériaux+ et +Technologie+ serait le scénario le plus ambitieux et le plus satisfaisant pour les investisseurs", a souligné Stefan Freudenreich, analyste pour la banque Equinet.
Un tel scénario permettrait notamment de mettre plus en valeur ses activités de produits technologiques comme les ascenseurs ou les sous-marins, et ainsi compenser les difficultés de ses activités de production d'acier.