Premier TGV sur le continent africain et dans le monde arabe, usine Renault "zéro pollution", méga-port de Tanger-Med : le Maroc se présente comme un "petit eldorado" pour les entreprises françaises.
Inévitablement touché --mais dans une bien moindre mesure que ses voisins du sud de la Méditerranée par le printemps arabe-- le Maroc se présente depuis plusieurs années comme un vaste chantier avide de projets d'investissement.
L'inauguration jeudi par le président Nicolas Sarkozy et le roi Mohammed VI du chantier de la ligne ferroviaire à grande vitesse (TGV) devant relier Tanger, Rabat et Casablanca à l'horizon 2015, est emblématique de la forte présence de la France au Maroc, un pays de 35 millions d'habitants.
Considéré par certains comme un "caprice royal" à cause de son coût global estimé à 33 milliards de dirhams (3 milliards d'euros), ce projet est défendu par d'autres qui y voient une "grande avancée". La fréquentation du rail a doublé au cours des sept dernières années de 6 à 14 millions de passagers par an, et elle est appelée à fortement augmenter.
Le financement du TGV a nécessité le concours de monarchies du Golfe, appelées à la rescousse par le roi, après le désistement de la Banque européenne d'investissement (BEI).
Cette ligne ferroviaire complète un réseau autoroutier de quelque 1.500 kilomètres à travers le royaume, qui s'est lancé depuis quelques années dans un vaste chantier de développement de ses infrastructures.
Au nombre de ces projets, Tanger-Med, un immense pôle industriel et portuaire --auquel participe Bouygues au sein d'un consortium --qui doit porter la capacité globale de Tanger à plus de 8 millions de conteneurs, ce qui en fera l'un des plus grands ports de Méditerranée et d'Afrique.
Premier partenaire commercial du Maroc --qui doit prochainement négocier un accord de libre-échange avec l'UE-- la France est son premier fournisseur avec 15% (4 milliards d'euros en 2010) de part de marché, et son premier client, absorbant 25% de ses exportations.
Deuxième partenaire, l'Espagne n'est pas en reste, avec une hausse de 76% de ses investissements, notamment industriels, entre 2009 et 2010.
Le royaume se classe aussi au deuxième rang des investissements directs français, derrière la Chine mais devant l'Inde, avec 1,8 milliard d'euros en 2010, soit 60% du total des IDE.
Crise oblige, les IDE ont cependant reculé à 1,14 md d'euros, une baisse de 13,6% sur la période janvier-juillet par rapport à 2010, selon les chiffres marocains officiels.
De fait, l'activité s'est tassée au premier semestre 2011 sous l'effet notamment du printemps arabe, et d'un tourisme en berne à cause de l'attentat terroriste d'avril dernier à Marrackech (sud).
Le secteur touristique est une des principales sources de devises du Maroc avec le transfert des Marocains de l'étranger et les ventes de phosphates.
"Les choses semblent aller mieux depuis juillet", a toutefois nuancé à l'AFP Philippe Confais, directeur général de la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc (CFCIM).
Aujourd'hui, 750 filiales françaises sont implantées au Maroc (contre 500 il y a deux ou trois ans), ce qui fait de l'hexagone le premier employeur étranger du royaume avec 100.OOO Marocains employés.
Selon les dernières prévisions semestrielles du FMI, le Maroc reste un des rares pays arabes (hors pays exportateurs de pétrole) à tirer son épingle du jeu, avec une croissance attendue de +4,6% cette année et de même ampleur l'an prochain.
Ceci étant, le Maroc a besoin d'un taux de croissance de quelque 8% pour se hisser au niveau des pays émergents, estiment les économistes.
Ces derniers soulignent également le creusement de la balance commerciale --qui a bondi de 21% au chiffre record de 9,67 milliards d'euros sur la période janvier-janvier--, les graves problèmes du chômage, de la corruption et de la répartition de la richesse dans un pays où une grande majorité de la population est pauvre.