Les actionnaires locaux de l'aéroport de Lyon se sont dit lundi "surpris" et "en colère" d'apprendre que l'Etat avait retenu deux candidats pour reprendre ses parts avant qu'eux-mêmes n'aient pu examiner les six offres fermes, comme prévu.
"Nous sommes très surpris par la position de l'Etat qui nous a informés, vendredi, qu'il souhaitait se passer de la deuxième phase, organisée mercredi, en ne retenant que deux candidatures", a déclaré à l'AFP Emmanuel Imberton, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Lyon, qui détient 25% de parts dans l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry.
"Si on devait en rester là, je serais très en colère, mais j'espère que le bon sens et le respect des partenaires institutionnels et locaux vont finir par l'emporter et que dans la journée l'Etat reviendra sur sa position", a-t-il ajouté.
Selon des informations de presse, Bercy aurait retenu les candidatures d'un consortium emmené par Vinci et de l'australien Macquarie, un groupe offrant des services bancaires et financiers allié à FPP (holding familial de Peugeot (PA:PEUP)), pour reprendre ses 60% de parts dans le capital du principal aéroport de la deuxième région française. Il aurait aussi décidé de lancer un nouveau tour d'enchères pour les départager.
Pour M. Imberton, "l'état d'esprit voulu" par le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, "était la consultation des partenaires locaux". "Si l'Etat devait confirmer sa position, ça tournerait à la mascarade, ce que je n'imagine pas une seconde", a assuré celui qui veut croire là à "un ballon d'essai de l'Etat pour voir les réactions".
Une réunion des actionnaires minoritaires (CCI, Métropole de Lyon, Région Auvergne-Rhône-Alpes et Conseil départemental du Rhône) était programmée mercredi à Lyon pour "faire un deuxième tour des offres fermes" des six candidats à la reprise.
Parmi eux, l'offre du consortium formé par le fonds d'investissement Ardian a reçu le soutien de l'homme d'affaires Jean-Michel Aulas et d'autres entrepreneurs lyonnais.
De son côté, Patrick Mignola, vice-président de la région chargé des transports, a dénoncé "un scénario à la Toulousaine sans les Chinois", qui avaient mis la main sur l'aéroport du sud-ouest.
Les promesses de Bercy de "respecter notre cahier des charges n'ont tenu que quelques semaines", déplore-t-il. "Si l'Etat fait dans notre dos, on va avoir beaucoup de mal à lui faire confiance sur les négociations ultérieures", a-t-il averti.
"L’État va laisser les collectivités face à des actionnaires privés", résume-t-il, exprimant des craintes pour "le développement de l'aéroport" et le fait "qu'un gestionnaire veuille faire de la rentabilité à court terme".
Contacté par l'AFP, la métropole de Lyon n'a pas souhaité faire de commentaires sur des informations jugées "trop floues".
A Nice, dont l'aéroport doit également être privatisé, Christian Estrosi, l'ancien maire devenu président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, a déploré que "l'Etat se fasse de l'argent sur le dos des Niçois".
Quatre candidats retenus doivent présenter leurs dossiers mardi à Nice, a précisé le cabinet du maire, dont la société Atlantia (aéroport de Rome) et Vinci. M. Estrosi redoute un rachat par ce dernier candidat, actionnaire d'Aéroports de Paris, qui serait alors tenté, selon lui, de faire de l'aéroport de Nice un simple "hub régional".