A la Bourse de Paris la semaine prochaine, les investisseurs auront les yeux rivés sur la Réserve fédérale américaine, la Fed, impatients de savoir si elle va commencer à remonter ses taux directeurs fixés à zéro depuis 2008.
"C'est le gros morceau de la semaine prochaine car tout le monde attend de savoir ce qui va se passer", confirme Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.
Mais les cartes sont "très brouillées", concède-t-il car "les débats au sein de l'institution monétaire semblent rester très intenses, sans majorité claire et il y a aussi beaucoup d'ambiguïtés" dans les déclarations, ce qui rend difficiles les pronostics.
Le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) se tient en effet mercredi et jeudi.
Les places financières attendent tout particulièrement cette échéance car elle pourrait donner le coup d'envoi d'une remontée des taux directeurs, redoutée par les investisseurs.
L'institution monétaire n'a eu de cesse de marteler sa volonté de "normaliser" cette année sa politique monétaire très généreuse depuis des années. Et chaque réunion et/ou déclarations d'un de ses membres est ainsi décortiquée par la sphère financière pour tenter d'y voir plus clair.
Le suspense prendra peut-être fin le 17 septembre, ou pas.
"Pour notre part, nous pensons toujours qu'une première hausse sera décidée la semaine prochaine car un point bas a sans doute été touché en matière d'inflation et que le défaut d'inflation est uniquement lié à la nouvelle phase de baisse de l'énergie", développe M. Mourier.
La faible inflation et les tensions sur le marché du travail sont en effet fortement prises en compte par la Fed dans ses décisions.
En outre, note M. Mourier, certains membres de la banque centrale parmi les plus enclins à conserver une politique monétaire généreuse, commencent aussi "à avoir des inquiétudes sur la stabilité financière avec un risque de bulle sur certains actifs du fait de l'excès de liquidités" ce qui plaiderait donc "pour ne pas trop attendre".
"A très court terme, les investisseurs restent focalisés sur le calendrier de la semaine prochaine" avec la réunion de la Fed qui "devrait cependant rester prudente en tenant compte de l'incertitude autour de l'économie chinoise, de la situation des émergents et de la faiblesse des prix du pétrole", estime pour sa part Franklin Pichard, directeur de Barclays (LONDON:BARC) Bourse.
- Besoin de souffler -
Avant d'arriver à cette échéance clé, dont la répercussion ne sera sensible que vendredi matin sur les marchés européens, la place parisienne aura beaucoup d'indicateurs à se mettre sous la dent.
"C'est la semaine du mois la plus chargée en terme d'indicateurs économiques aux États-Unis", souligne M. Mourier.
Ventes au détail, production industrielle ou inflation en août sont ainsi à l'agenda, tout comme la balance des comptes courants au 2e trimestre, les mises en chantier de logements en août, les demandes hebdomadaires d'allocations chômage ou encore l'indicateur composite de l'activité économique en août (Conference Board).
Côté européen, le programme n'est pas dépourvu non plus avec la production industrielle en juillet, le commerce extérieur pour le même mois et le baromètre allemand ZEW de la confiance des milieux financiers.
Une richesse statistique qui contraste avec la pauvreté en la matière de la semaine écoulée qui a vu la place parisienne se stabiliser bon an mal an après les forts remous liés aux Bourses chinoises. L'indice CAC 40 a gagné 0,57% et terminé vendredi à 4.548,72 points. Depuis le début de l'année, il a engrangé 6,46%.
"Cela a surtout été une semaine de transition et d'attente avec peu de nouvelles aussi bien du côté des entreprises que des indicateurs", résume M. Mourier.
"Le marché a besoin de souffler, et de reprendre confiance avant de confirmer" une éventuelle reprise, selon M. Pichard.
"Les marchés ont profité d'une accalmie sur les places asiatiques avec une baisse de la volatilité (des) Bourses chinoises", poursuit M. Mourier. Selon lui, "il s'agit désormais de voir si dans la durée le gouvernement chinois a vraiment réussi à calmer les esprits".