par Andreas Cremer
WOLFSBURG, Allemagne (Reuters) - Volkswagen (DE:VOWG_p) place les Etats-Unis et l'Amérique du Sud au coeur du plan de restructuration de sa marque VW, en misant sur les SUV et les voitures électriques, plus rentables.
Le plus grand constructeur automobile européen lutte pour surmonter la plus grande crise de son histoire après le scandale de la manipulation des émissions polluantes de ses véhicules diesel.
Elément clé pour y parvenir, le plan de restructuration de sa marque VW, qui a représenté à elle seule 59% des ventes du groupe en 2015 mais seulement 16% du bénéfice opérationnel courant.
Le groupe allemand a annoncé vendredi un accord avec les syndicats ouvrant la voie à la suppression de 30.000 postes dans le monde d'ici 2020 en échange d'un engagement de la direction à éviter les licenciements secs.
Détaillant mardi le projet de restructuration, le patron de la marque, Herbert Diess, a annoncé que la conquête des Etats-Unis et de l'Amérique du Sud serait un objectif majeur.
"Nous ne voulons pas seulement être bénéficiaires en Europe et en Chine, nous sommes également déterminés à générer des résultats positifs sur tous les grands marchés d'ici 2020", a-t-il déclaré à la presse.
La marque VW peine depuis longtemps en Amérique du Nord, ce que les analystes expliquent par sa réticence à s'adapter aux goûts locaux et sa lenteur à lancer de nouveaux modèles.
Diess, un ancien dirigeant de BMW (DE:BMWG), a dit vouloir se concentrer sur le marché des SUV aux Etats-Unis, un segment en forte croissance et qui génère des marges élevées.
La marque entend disposer de 19 modèles de SUV d'ici 2020, contre deux seulement aujourd'hui. Certains seront électriques et le constructeur se fixe un objectif d'un million de véhicules électriques vendus en 2025
Cependant, Diess a indiqué que le groupe pourrait avoir besoin de dix ans pour concurrencer réellement ses rivaux sur un marché où sa réputation est aujourd'hui au plus bas après le scandale du trucage des tests anti-pollution.
UNE NOUVELLE PLATE-FORME DIGITALE
Diess a également annoncé le lancement de services numériques et envisage de lancer une voiture à bas coûts sur les marchés chinois et indien en 2019-2020.
La nouvelle plate-forme numérique proposera notamment un service de partage de voitures et ce covoiturage pour lequel VW espère 80 millions d'utilisateurs à travers le monde en 2025 et un chiffre d'affaires annuel d'environ un milliard d'euros.
L'investissement dans la marque VW se maintiendra aux alentours de 4,5 milliards d'euros par an dans les prochaines années et les économies aux alentours de 2,5 milliards d'euros, a précisé Diess.
La marque entend porter la marge d'exploitation de la marque VW, pour l'instant inférieure à celle de ses grandes rivales, à plus de 6% après 2025, a-t-il ajouté. Cette année, la rentabilité d'exploitation de VW ne devrait pas dépasser 2%.
A titre de comparaison, Peugeot SA (PA:PEUP) vise une marge opérationnelle de 6% en 2021.
"C'est bien et nécessaire que VW s'attaque à ces problèmes, mais la route sera longue", a déclaré Marc-René Tonn, analyste chez M.M.
Le titre Volkswagen perdait 0,08% à 120,00 euros vers 13h10 GMT, sous-performant le DAX allemand, qui avançait de 0,52% au même moment.
(Avec Georgina Prodhan et Mark Potter, Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Marc Angrand)