par Sophie Louet
PARIS (Reuters) - Plusieurs milliers de pro-palestiniens ont manifesté sans incident mercredi à Paris sous haute surveillance à la suite des débordements survenus durant le week-end à Barbès et Sarcelles (Val-d'Oise) lors de rassemblements non autorisés contre l'intervention israélienne dans la bande de Gaza.
Répondant à l'appel du "Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens", quelque 14.500 personnes, selon la police, ont défilé de la place Denfert-Rochereau (14e) à l'esplanade des Invalides (7e).
"Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c'est l'humanité qu'on assassine", "Israël assassin", "Nous sommes tous des Palestiniens", a scandé la foule, brandissant de nombreux drapeaux palestiniens mais également des Verts, de la CGT et du PCF.
Dans le cortège, le président de la Ligue des droits de l'homme Pierre Tartakowski, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, le coprésident du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon et des élus.
Devant eux, quelques dizaines de jeunes, certains portant des keffiehs, ont scandé avec virulence des slogans anti-Israël.
Les manifestants ont commencé à se disperser dans le calme vers 20h00, a constaté une journaliste de Reuters.
Le service d'ordre était assuré par la CGT, le NPA, le Parti de Gauche et le PCF, en appui des policiers - plusieurs centaines - déployés le long du parcours.
Le "collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens" est une alliance d'associations palestiniennes et juives, de syndicats (CGT, FSU, Unef, Solidaires...), de partis politiques (EELV, PCF, PS, NPA...), de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP).
Les organisateurs ont assuré qu'aucune revendication violente, qu'aucun slogan antisémite ne seraient tolérés.
"MANIFESTER EST UN DROIT"
"Nous refusons de voir le conflit israélo-palestinien importé en France et instrumentalisé pour diffuser de la haine. Le droit, la paix et la justice doivent l'emporter", ont déclaré les Jeunes socialistes dans un communiqué.
Le Premier ministre, Manuel Valls, a défendu mercredi à l'Assemblée nationale le droit de manifester tout en réaffirmant que l'exécutif serait intransigeant contre tout acte antisémite.
"Manifester est un droit, une liberté : manifester pour la paix au Proche-Orient, manifester pour dire son horreur de la guerre, son émotion, son indignation face à la souffrance des populations civiles palestiniennes de Gaza", a-t-il dit.
"Manifester aussi sa solidarité à l'égard des Israéliens qui vivent la peur au ventre à cause des centaines de roquettes tirées par le Hamas", a-t-il ajouté.
Selon un bilan provisoire fourni par les services de Santé à Gaza, l'offensive militaire israélienne contre le Hamas dans la bande de Gaza a fait plus de 600 morts côté palestinien, dont une centaine d'enfants, et une trentaine de victimes côté israélien.
Le rassemblement de mercredi est la première manifestation pro-palestinienne autorisée à Paris depuis celle du dimanche 13 juillet dans le quartier de la Bastille (11e), qui avait donné lieu à des violences.
Depuis, deux manifestations, l'une à Barbès, l'autre à Sarcelles (Val-d'Oise), non autorisées par le gouvernement qui avait invoqué des risques pour l'ordre public, ont été marquées par des débordements.
Ailleurs en France, des manifestations ont été organisées mercredi, notamment à Lyon, à Marseille, où un rassemblement d'une petite centaine de personnes s'est tenu sur le Vieux-Port ou encore à Nantes où entre 300 et 500 personnes ont défilé pour soutenir les habitants de Gaza.
A Bordeaux, une manifestation a réuni 250 à 300 personnes qui ont observé une minute de silence en mémoire des "martyrs" morts lors de l'offensive de l'armée israélienne dans l'enclave palestinienne.
(avec Marine Pennetier, Guillaume Frouin à Nantes, François Revilla à Marseille et Claude Canellas à Marseille)