par Daniela Desantis
ASUNCION (Reuters) - Le président-élu du Paraguay, Santiago Peña, a jugé "inacceptables", dans un entretien à Reuters, les conditions posées par l'Union européenne en matière d'environnement pour finaliser un accord de libre-échange avec le Mercosur.
Santiago Peña, qui prendra ses fonctions le 15 août, estime que les propositions européennes conduiraient à entraver le développement économique de son pays, grand exportateur de soja.
Le Paraguay est l'un des quatre Etats membres du Mercosur avec l'Argentine, le Brésil et l'Uruguay.
La Commission européenne et le Mercosur ont conclu un accord en juin 2019 mais le processus de ratification est bloqué depuis lors en raison d'objections soulevées par de nombreux Etats membres de l'UE.
La France en particulier, qui sait un tel accord impopulaire, notamment chez ses agriculteurs soumis à des règles environnementales et sanitaires plus strictes que leurs concurrents sud-américains, insiste pour qu'un tel accord réponde aux préoccupations de l'UE, notamment en matière de déforestation.
En face, les quatre pays sud-américains, qui abritent une grande partie de la forêt amazonienne ainsi que la forêt du Gran Chaco, et figurent au premier rang des exportateurs de soja, de maïs et de boeuf, estiment que les exigences européennes s'apparentent à du protectionnisme.
"Cette approche de l'UE est tout simplement inacceptable", a déclaré Santiago Peña, qui dirige le parti conservateur Colorado et a remporté l'élection présidentielle en avril dernier, dans une rare interview accordée à son domicile d'Asunción.
"L'Union européenne doit décider si elle veut ou non un accord de libre-échange. Je m'interroge aujourd'hui sur le fait de savoir si elle est véritablement intéressée", a-t-il ajouté.
Les représentants du Mercosur planchent sur une contre-proposition avant de reprendre les négociations avec leurs homologues de l'UE. Certains forment l'espoir de parvenir à un accord d'ici la fin de l'année.
"De notre point de vue, il faudrait clore les négociations et répondre à une simple question : voulons-nous ou non de cet accord ?" a encore estimé le président-élu paraguayen.
(version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Tangi Salaün)