PARIS (Reuters) - Les enseignes d'habillement, confrontées au renchérissement de leurs approvisionnements lié à la chute de l'euro face au dollar, se préparent à augmenter leurs prix en 2016, selon les prévisions de l'Institut français de la mode (IFM).
Les détaillants, comme H&M, Zara ou Kiabi (famille Mulliez), qui s'approvisionnent principalement en Asie (zone dollar), ont vu leur prix à l'importation grimper de 19% en provenance de Chine en 2015 et de 14% avec le Bangladesh du fait de la baisse de l'euro.
"Ce ne sont plus les matières premières qui tendent les prix aujourd'hui, mais la parité euro-dollar", a observé Gildas Minvielle, directeur de l'observatoire économique de l'IFM à l'occasion de la présentation des perspectives 2016 de l'institut.
La monnaie européenne a perdu 22% face au dollar depuis la mi-2014 et la part de l'Asie dans les approvisionnements du secteur de l'habillement européen a atteint aujourd'hui un record de 78%.
Pour y faire face, les enseignes prévoient de répercuter partiellement cette hausse sur leurs prix de vente.
Une majorité de distributeurs interrogés par l'IFM disent ainsi vouloir relever leurs prix, le coût de leurs importations ayant grimpé de 20%, et nombre d'entre eux annoncent des hausses de l'ordre de 5%, a ajouté Gildas Minvielle.
"Les enseignes s'observent pour voir qui va dégainer en premier. Les marges vont peut-être souffrir (...) mais certains ont les reins solides", a souligné Evelyne Chaballier, directrice des études.
Le marché de la mode devrait quant à lui accuser un nouveau repli en France en 2015 (-0,4% attendu), pour la huitième année consécutive, mais la tendance pourrait s'inverser en 2016.
Avec l'amélioration de la croissance économique et du moral des Français, la baisse des prix du pétrole, une possible stabilisation du chômage et une fiscalité "plus neutre", le marché de la mode pourrait retrouver des couleurs, a estimé Hélène Fourneau, responsable des panels de l'IFM.
"On sent une décrispation, malgré les attentats de Paris. La situation est nettement moins dégradée qu'au cours des années précédentes", a-t-elle observé.
Le marché de l'habillement pourrait ainsi progresser de 0,5% à 1% l'an prochain, selon les projections de l'IFM.
(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)