BORDEAUX (Reuters) - Nicolas Sarkozy s'est élevé samedi à Bordeaux, ville dont Alain Juppé est le maire, contre "l'identité heureuse" prônée par son principal concurrent pour la primaire de la droite et du centre, dont le premier tour a lieu le 20 novembre.
L'ancien président a consacré une bonne partie de son discours à ce thème devant quelque 3.000 personnes réunies dans la même salle où il avait mené campagne il y a près de deux ans pour la présidence de l'UMP.
Ce jour-là, Alain Juppé avait été hué et sifflé par le public pour s'être déclaré favorable à une primaire de la droite et du centre ouverte, y compris au MoDem de François Bayrou.
"Je ne crois pas à l'identité heureuse", a lancé samedi Nicolas Sarkozy, déclenchant quelques huées qu'il s'est employé à calmer. "Parce que pour les six millions de chômeurs français, l'identité, elle est heureuse ? Quand ils regardent le plein emploi en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis ?"
"Je ne crois pas à l'identité heureuse quand je vois sur le sol de la République française des jeunes Français nés en France, éduqués en France, élevés en France qui sont bien moins intégrés que leurs grands parents, qui n'étaient pas Français et qui n'ont pas été éduqués en France", a-t-il poursuivi. "Ça, ce n'est pas l’identité heureuse."
Poursuivant son énumération, l'ancien président a cité "les familles qui depuis cinq ans ont été matraquées par une frénésie fiscale" qui a eu selon lui pour conséquence de faire passer le taux de fécondité des femmes françaises en dessous des deux enfants "pour la première fois depuis 20 ans."
"L'identité heureuse ? Pour les classes moyennes qui ne se sont jamais senties aussi déclassées?", a poursuivi l'ancien chef de l'Etat. "L'identité heureuse ? Nous sommes le pays d'Europe où on paye les impôts les plus lourds, où les dépenses publiques sont les plus fortes."
A la veille du jour anniversaire des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, Nicolas Sarkozy a fustigé les "barbares sanguinaires" qui menacent la France.
IDENTITÉ NATIONALE
"L'identité heureuse ? Deux cents trente-huit morts lâchement assassinés par des barbares sanguinaires sur le solde la République française. L'identité heureuse ? Je pense que la France est attaquée avec cette violence parce que les barbares qui nous attaquent pensent que la France est faible, et que quand on est fort on est respecté", a-t-il lancé sous les acclamations.
Nicolas Sarkozy a prôné le "culte de la communauté nationale et de la République. Une seule communauté, la communauté nationale, une seule langue, le Français, une identité française."
Sur le ton de l'ironie, il a aussi noté "un progrès dans l'identité heureuse, c'est que maintenant on a le droit d’employer le mot identité", en référence au controversé ministère de l'Identité nationale créé sous sa présidence.
Nicolas Sarkozy a aussi rappelé son désaccord avec Alain Juppé concernant François Bayrou, soutien du maire de Bordeaux à qui une partie de la droite ne pardonne pas d'avoir appelé à voter pour François Hollande en 2012.
L'ancien président s'est dit favorable à gouverner avec le centre "mais le vrai centre pas le centre girouette."
"Alain Juppé fait une erreur en faisant un pacte avec M. Bayrou", a-t-il considéré. L'alliance avec François Bayrou a servi à une seule chose : le faire élire maire de Pau avec nos voix pendant qu'il nous trahissait à Paris".
Alors que les sondages le donnent en retard sur Alain Juppé et enregistrent une remontée de l'ex-Premier ministre François Fillon et, Nicolas Sarkozy a appelé au rassemblement "de tout le monde" au soir du second tour "le 27 novembre, quand on aura gagné."
(Claude Canellas, édité par Elizabeth Pineau)