par Louis Charbonneau
NATIONS UNIES (Reuters) - Le vente illégale d'antiquités de Syrie et d'Irak rapporte à l'Etat islamique entre 150 et 200 millions de dollars par an (entre 130 et 170 millions d'euros), estime l'ambassadeur de Russie aux Nations unies dans une lettre publiée mercredi.
"Environ 100.000 objets culturels d'importance mondiale, 4.500 sites archéologiques, dont neufs sont inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco, sont sous le contrôle de l'Etat islamique (en Syrie et en Irak)", déclare Vitali Tchourkine dans sa mettre au Conseil de sécurité des Nations unies.
"Les profits tirés par les islamistes du commerce illicite d'antiquités et de trésors archéologiques sont estimés à 150 à 200 millions de dollars par an", ajoute-t-il.
La contrebande des objets, écrit Vitali Tchourkine, est organisée par la division des antiquités de l'EI, organisée au sein de l'équivalent d'un ministère des Ressources naturelles.
Seules les personnes détenant un permis dûment tamponné de cette division ont le droit de creuser, d'enlever et de transporter les antiquités.
Les antiquités sont ensuite écoulées essentiellement vers la Turquie, indique l'ambassadeur.
"Le principal centre pour la contrebande des articles du patrimoine mondial est la ville turque de Gaziantep, où des biens volés sont vendus lors d'enchères illégales et ensuite diffusés via un réseau de magasins d'antiquités et sur le marché local", écrit encore Vitali Tchourkine.
La Turquie n'a pas réagi dans l'immédiat. Les relations entre la Russie et la Turquie sont tendues depuis qu'un avion russe a été abattu par Ankara près de la frontière avec la Syrie en novembre dernier.
Les bijoux, pièces de monnaie et autres biens pillés sont ensuite acheminées vers les villes turques d'Izmir, Mersin et Antalya, où sont fabriqués des documents pour dissimuler leur provenance.
"Les antiquités sont ensuite présentées à des collectionneurs de pays divers, en général via des sites d'enchères sur internet, comme eBay, et des boutiques en ligne spécialisées", écrit Vitali Tchourkine.
Il signale aussi que l'EI a tendance désormais à utiliser internet et les réseaux sociaux pour court-circuiter les intermédiaires et vendre les objets pillés directement aux acquéreurs finaux.
(Avec Humeyra Pamuk à Istanbul; Danielle Rouquié pour le service français)