Le Premier ministre indien Narendra Modi a lancé dimanche un appel empreint d'émotion pour libérer son pays de la corruption à un moment où les banques sont prises d'assaut après le choc de la démonétisation soudaine de 24 milliards de billets.
Au nom de la lutte contre la corruption et de l'évasion fiscale, M. Modi a annoncé mardi que les billets de 500 et 1.000 roupies (6,5/13 euros), plus importantes valeurs faciales en circulation, n'avaient plus de valeur légale.
Jusqu'au 30 décembre, ces billets peuvent être échangés contre de nouvelles coupures ou déposés sur un compte en banque, à condition que le porteur soit en mesure d'attester de la provenance des grosses sommes.
Cinq jours après l'annonce, les distributeurs automatiques de billets (DAB) et les agences bancaires du pays étaient pris d'assaut, se retrouvant pour certains à sec dans l'après-midi.
"Les gens subissent de grandes douleurs. Je ressens leur douleur. Ce projet n'est pas né sur l'arrogance. J'ai vu de près une telle adversité. Je comprends les turbulences vécues par les gens", a déclaré M. Modi à Goa.
"Mais cette situation difficile ne durera que 50 jours. S'il vous plaît, 50 jours, donnez moi 50 jours. Après le 30 décembre, je vous présenterai l'Inde que vous avez toujours voulue".
Arrivé au pouvoir en 2014, le nationaliste Modi a promis de réprimer les flux d'argent illégaux à travers une série de mesures, dont une peine de 10 ans de prison pour l'évasion fiscale.
Bien que l'usage des cartes bleues se soit développé en Inde au cours de la dernière décennie, notamment au sein de la classe moyenne, l'argent liquide représente encore 90% des transactions.
Quelque 439 milliards de dollars sont sortis illégalement d'Inde entre 2003 et 2012, selon une estimation de l'organisation Global Financial Integrity, basée à Washington.
Le gouvernement assure que seuls ceux qui cherchent à échapper au fisc vont subir les conséquences de cette démonétisation soudaine.
Mais des millions de personnes se sont retrouvées en panne de liquide pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Les gens les plus pauvres, qui n'ont pas accès à un compte bancaire et qui conservent leur argent sous une forme liquide, se plaignent que leurs économies se sont évaporées.
Difficulté de plus, le ministre des Finances a annoncé samedi que les DAB ne pourraient distribuer les nouvelles coupures -- de 500 et 2.000 roupies-- que dans plusieurs semaines à cause de problèmes techniques.