par John Davison
BEYROUTH (Reuters) - Le cessez-le-feu conclu entre les forces gouvernementales syriennes et les insurgés semblait respecté vendredi matin, malgré quelques incidents isolés, affirme l'Observatoire des droits de l'homme (OSDH) et un dirigeant rebelle.
La trêve, entrée en vigueur à minuit (22h00 GMT), a été immédiatement violée après son entrée en vigueur, dans le nord-ouest notamment, mais l'OSDH estime qu'un climat de "calme" prévaut.
L'OSDH et un responsable des insurgés ont fait état de quelques affrontements entre rebelles et unités de l'armée le long de la limite administrative entre les provinces de Hama et d'Idlib, ainsi que d'accrochages isolés dans le sud du pays, dans les régions de Deraa et de Kouneïtra.
Dans de nombreux secteurs, toutefois, il semble que les armes se soient tues.
L'accord de trêve avait été annoncé dans la journée de jeudi par le président russe Vladimir Poutine.
Il s'agit du troisième cessez-le-feu national conclu cette année. Les deux premiers, négociés par la Russie et les Etats-Unis en février et septembre, n'ont tenu que quelques semaines.
Ni Washington ni l'Onu n'ont été associés aux discussions qui ont conduit à celui de jeudi. Mais le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré que les Etats-Unis pourraient s'associer à ce processus de paix une fois le président élu Donald Trump entré en fonctions le 20 janvier. Le ministre russe a dit souhaiter également que l'Egypte, mais aussi l'Arabie saoudite, le Qatar, l'Irak, la Jordanie et les Nations unies y soient associés.
Un certain nombre de groupes rebelles ont signé l'accord, a déclaré le ministère russe de la Défense. Un porte-parole de l'Armée syrienne libre, vaste alliance de plusieurs groupes d'insurgés, avait déclaré que l'ASL respecterait la trêve.
NÉGOCIATIONS AU KAZAKHSTAN
L'accord de trêve s'accompagne d'une déclaration en faveur de l'ouverture de négociations de paix à Astana, la capitale du Kazakhstan, a déclaré Vladimir Poutine.
Aucune date n'a encore été annoncée pour ces pourparlers. Les médias officiels syriens ont déclaré jeudi soir qu'ils auraient lieu "prochainement".
Damas négociera en position de force après la défaite infligée ce mois-ci aux rebelles dans la grande ville d'Alep, qui constituait le dernier grand bastion urbain des insurgés.
La campagne aérienne lancée par la Russie en septembre 2015 a changé le cours de la guerre en faveur du régime du président Bachar al Assad.
Avant que des discussions puissent avoir lieu, le cessez-le-feu devra tenir bon.
Or un certain flou persiste sur les groupes rebelles concernés par l'accord de trêve.
L'armée syrienne a déclaré que le cessez-le-feu ne concernait pas l'Etat islamique, ni les combattants de l'ex-Front al Nosra, ni les factions liées à ces groupes djihadistes.
Plusieurs responsables rebelles ont en revanche déclaré que l'ex-Front al Nosra, rebaptisé Front Fateh al Cham depuis sa séparation d'avec Al Qaïda en juillet dernier, était inclus dans l'accord de trêve.
Un porte-parole d'Ahrar al Cham a de son côté déclaré que le puissant groupe rebelle islamiste n'avait pas signé l'accord, contrairement aux affirmations du ministère russe de la Défense.
Selon l'armée turque, l'aviation russe a mené trois frappes aériennes contre l'EI au cours des dernières 24 heures dans la région d'Al Bab, dans le nord de la Syrie. Douze djihadistes seraient morts, selon des informations collectées par Ankara.
La guerre en Syrie, qui a commencé en 2011, a fait plus de 300.000 morts et plus de 11 millions de déplacés.
(avec Jonathan Landay à Washington; Jean-Stéphane Brosse, Eric Faye et Nicolas Delame pour le service français)