PARIS (Reuters) - Le bilan de l'épidémie de COVID-19 en France approche les 9.000 morts, dont 6.494 dans les hôpitaux et 2.417 dans les Ehpad, a annoncé lundi le ministre de la Santé.
"Nous ne sommes pas au bout de l'ascension épidémique. Les chiffres le démontrent", a dit Olivier Véran, alors que le pays est confiné depuis trois semaines. "Nous devons continuer notre mobilisation de citoyens en restant chez nous."
Les hôpitaux français ont enregistré 605 décès supplémentaires dus au COVID-19 au cours des 24 dernières heures, pour un total de 6.494 depuis le 1er mars, a précisé le ministre de la Santé lors d'une conférence de presse.
Dimanche, ce nombre quotidien de décès en milieu hospitalier avait reculé à 357, contre 441 samedi et 588 vendredi.
En ajoutant le nombre encore partiel de décès dans les Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) et autres établissements sociaux, qui s'élève à 2.417 contre 2.189 dimanche, l'épidémie de COVID-19 a coûté la vie à 8.911 personnes en France depuis le 1er mars, soit 833 décès de plus en 24 heures, a précisé le ministre de la Santé.
Sur un total de 29.722 personnes hospitalisées (+2.757 en 24 heures), le nombre de cas graves en réanimation atteint 7.072, contre 6.978 dimanche, soit un solde de 94 cas supplémentaires en tenant compte des sorties, contre 140 cas la veille.
"Au total, ce sont 17.250 personnes guéries qui ont quitté l'hôpital auxquelles il faut ajouter les dizaines de milliers de personnes guéries en ville", a souligné Olivier Véran.
Le total des cas confirmés ou possibles de contamination s'élève à 98.010, contre 92.839 dimanche, en prenant en compte les tests effectués en hôpital et en Ehpad.
VASTE OPÉRATION DE DÉPISTAGE DANS LES EHPAD
A ce propos, Olivier Véran a annoncé une vaste opération de dépistage à destination notamment des personnes âgées.
"Nous sommes en train de doubler notre capacité de tests PCR (...) ce qui nous permet de lancer une vaste opération de dépistage des personnes les plus vulnérables en mettant la priorité sur les personnes âgées, les personnes handicapées les plus fragiles ainsi que les professionnels qui les accompagnent en établissement comme à domicile", a expliqué le ministre.
"Le principe est le suivant: tester tous les résidents et tous les personnels à compter de l'apparition du premier cas confirmé au sein de l'établissement."
"Cela permettra notamment de regrouper les cas positifs au sein de secteurs dédiés au sein des Ehpad (...) et de prendre des dispositions appropriées à l'égard du personnel", a-t-il dit.
Le ministre de la Santé a également lancé un appel à tous les Français qui ont besoin de soins essentiels, en dehors du coronavirus, pour qu'ils n'hésitent pas à contacter leurs médecins et, le cas échéant, les hôpitaux "afin de ne pas retarder indûment une prise en charge".
"J'ai entendu parler de suivis de grossesse interrompus, de dépistages du cancer non réalisés ou de vaccinations infantiles retardées (...) Il ne faudrait surtout pas que d'autres malades renoncent à des soins essentiels (...) car les conséquences sanitaires pourraient être lourdes", a-t-il insisté.
Au sujet des hôpitaux, Olivier Véran a annoncé le gel des projets de réorganisation en cours en raison de l'épidémie.
"Nous savons tous que l'hôpital de demain ne pourra pas être exactement l'hôpital d'hier. Cette crise sanitaire traduit la nécessité de réinventer le modèle de l'hôpital qui devra pour l'avenir être mieux armé pour gérer toute crise épidémique de cette ampleur."
"D'ici là, il convient de considérer avec humilité les projets, les réorganisations engagées avant cette crise et d'en suspendre toute la portée jusqu'à ce que l'inventaire de cette épidémie - tout l'inventaire - ait pu être effectué", a déclaré le ministre de la Santé.
(Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse)