(Reuters) - Plusieurs pays européens ont annoncé dimanche qu'ils allaient suspendre les vols et trains en provenance du Royaume-Uni pour éviter la propagation d'une nouvelle souche de coronavirus détectée dans le pays et considérée comme plus contagieuse.
La France, qui a de nombreuses liaisons avec le Royaume-Uni avec le tunnel sous la Manche et l'Eurostar, a ordonné la suspension des transports de personnes, y compris pour les transporteurs de marchandises, en provenance de Grande-Bretagne à compter de dimanche minuit et pour une durée de 48 heures.
A l'issue d'un conseil de défense, Matignon a fait savoir que ces suspensions de déplacements en provenance d'outre-Manche concernaient les transports par voie routière, aérienne, maritime et ferroviaire.
"Seul le fret non accompagné sera autorisé", ont fait savoir les services du Premier ministre Jean Castex.
L'Allemagne a de son côté décidé de suspendre les vols en provenance de Grande-Bretagne et d'Afrique du Sud où une autre souche a aussi été détectée.
VERS UNE COORDINATION EUROPÉENNE
Les Pays-Bas, la Belgique, l'Italie et la Bulgarie ont également pris dimanche des dispositions similaires concernant les liaisons avec le Royaume-Uni, tandis que l'Espagne a demandé une réponse coordonnée de l'Union européenne.
L'Irlande a aussi décidé d'imposer des restrictions sur les vols et ferries venant de Grande-Bretagne.
En France, Matignon a expliqué que le délai de 48 heures allait permettre aux Etats membres de l'Union européenne de coordonner une réponse pour réguler les flux en provenance du Royaume-Uni.
Le Premier ministre, Boris Johnson et ses conseillers scientifiques ont fait savoir samedi que le virus circulait plus rapidement dans certaines parties du Royaume-Uni en raison de la propagation rapide d'une nouvelle souche de coronavirus, à 70% plus contagieuse que la version originelle.
Rien n'indiquait que cette variante du virus était plus dangereuse ou plus mortelle, ont-ils précisé. Mais face à une montée en flèche du nombre de contaminations, le gouvernement britannique a durci les mesures de restriction avant les fêtes de Noël
PAS DE CAS DÉTECTÉS EN FRANCE
En Allemagne, le ministre de la Santé Jens Spahn a indiqué a mutation du coronavirus telle que détectée en Grande-Bretagne n'avait pas encore été identifiée en Allemagne.
Le directeur général de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch a dit dimanche qu'à sa connaissance, la nouvelle souche n'avait pas encore été trouvée sur le territoire français.
"Aucun laboratoire de France ne l'a encore détectée. J'ai passé quelques appels ce matin pour vérifier", a-t-il dit dimanche dans l'émission le Grand Jury, de RTL (DE:RRTL), Le Figaro et LCI, tout en ajoutant que cela ne voulait pas dire que cette souche n'avait pas commencé à atteindre la France.
Aux Etats-Unis, plusieurs responsables ont indiqué suivre la situation liée à l'apparition de cette nouvelle variante du virus et ont appelé à la vigilance, les autorités n'ayant aucune certitude quant à la présence ou non de cette souche outre-Atlantique.
Les autorités italiennes ont de leur côté fait savoir qu'un patient contaminé à la nouvelle souche du COVID-19 avait été détecté à son retour de Grande-Bretagne et placé à l'isolement.
DU TEMPS POUR S'EN SORTIR
Le ministre de la Santé britannique, Matt Hancock, a laissé entendre dimanche que les nouvelles mesures de restriction au Royaume-Uni - qui concernent près d'un tiers de la population - resteraient en vigueur tant que la campagne de vaccination ne serait pas largement déployée.
"Il va falloir du temps pour s'en sortir", a dit le ministre sur Sky News. "Nous devons surtout faire en sorte qu'une majeure partie de la population soit vaccinée pour être protégée. Etant donné la rapidité avec laquelle se répand la nouvelle souche de coronavirus, cela va être très difficile de la contrôler tant que le vaccin ne sera pas accessible à tous".
Londres et le sud-est de l'Angleterre sont actuellement au niveau 3 de surveillance et devaient passer dimanche au niveau 4, le plus élevé, entraînant la fermeture des commerces non essentiels.
Dans ces zones, la population doit rester à domicile, sauf pour des raisons impérieuses comme le travail.
Quelques instants après les annonces du gouvernement, des Londoniens se sont précipités dans les gares pour se rendre auprès de leurs familles pour les fêtes de Noël - un comportement que Matt Hancock a qualifié "d'irresponsable".
Le ministre des Transports Grant Shapps a exhorté la population soumise à ces restrictions à ne pas voyager. Des renforts policiers ont été envoyés pour contrôler les déplacements.
(Bureaux de Reuters en Europe, version française Caroline Pailliez et Matthieu Protard)