par William James et Costas Pitas
LONDRES (Reuters) - Boris Johnson se trouvait mardi dans un état stable dans une unité de soins intensifs d'un hôpital de Londres, où il a eu besoin d'un apport en oxygène en raison de la détérioration de son état de santé provoquée par sa contamination au coronavirus.
La bataille personnelle que livre le Premier ministre britannique contre le COVID-19 intervient au moment même où, selon les experts, le Royaume-Uni va probablement connaître sa semaine la plus meurtrière depuis le début de l'épidémie dans le pays, où elle a déjà fait plus de 6.000 morts.
"Je suis convaincu qu'il s'en sortira parce que s'il y a une chose que je sais à propos du Premier ministre, c'est que c'est un combattant et qu'il reviendra très vite à la barre pour nous diriger pendant cette crise", a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, désigné par Johnson pour assurer l'intérim, lors d'une conférence de presse.
Johnson, âgé de 55 ans, a été admis dimanche soir à l'hôpital St-Thomas, qui fait face au Parlement de Westminster sur l'autre rive de la Tamise dans le centre de Londres, après plus de 10 jours de fièvre élevée et de toux persistantes en raison du coronavirus.
Son état s'est rapidement dégradé au cours des 24 heures suivantes, ce qui a entraîné lundi soir son placement dans une unité de soins intensifs où sont traités les cas les plus graves.
Bien qu'il ait reçu un apport en oxygène, ses services ont affirmé que ce transfert relevait d'une mesure de prudence au cas où le Premier ministre aurait besoin d'être placé en respiration artificielle. Boris Johnson reste conscient.
"L'état du Premier ministre est resté stable entre hier et aujourd'hui et il reste de bonne humeur. Il reçoit un traitement à l'oxygène standard et respire sans aucune autre assistance. Il n'a pas eu besoin d'assistance respiratoire mécanique ni d'assistance respiratoire non-invasive", a dit son porte-parole, dont le nom n'est traditionnellement pas cité.
RAAB PREND LES RÊNES À UN MOMENT CRUCIAL
La reine Elizabeth a adressé à Boris Johnson ses voeux de "prompt et complet rétablissement" et a déclaré que ses pensées accompagnaient également sa famille et sa compagne Carrie Symonds, enceinte, a fait savoir mardi le palais de Buckingham.
Il n'existe pas au Royaume-Uni de plan de succession formellement établi au cas où un Premier ministre se retrouve dans l'incapacité d'exercer ses fonctions. Boris Johnson, testé positif le 26 mars, a demandé à Dominic Raab de le représenter partout "où cela est nécessaire", ont indiqué ses services.
Le secrétaire au Foreign Office, âgé de 46 ans, a présidé ce mardi au 10, Downing Street, la résidence du chef du gouvernement à Londres, une réunion gouvernementale de crise sur le COVID-19.
Des doutes demeurent néanmoins sur le véritable détenteur du pouvoir au Royaume-Uni en cette période et les ministres ont ainsi refusé de dire à qui revenait la décision finale, en ce moment, quant à l'utilisation de l'arme nucléaire, une prérogative du Premier ministre.
Dominic Raab, fervent partisan du Brexit comme Boris Johnson, prend quoi qu'il en soit les rênes du gouvernement à un moment crucial au Royaume-Uni dans la lutte contre la pandémie de coronavirus. Le ministre de la Santé a déclaré la semaine dernière que le pic des décès dans le pays devrait être atteint aux alentours de dimanche prochain, le dimanche de Pâques.
Le gouvernement est en outre censé examiner en début de semaine prochaine une éventuelle prolongation du confinement imposé à la population britannique pour tenter d'enrayer l'épidémie.
"J'ai une confiance totale dans les dispositions que le Premier ministre a mises en place afin que je puisse le décharger d'une partie de ses responsabilités, le remplacer lorsqu'il n'est pas en capacité d'agir, et à l'évidence, nous espérons que cela ne durera que pendant un temps très limité", a déclaré Dominic Raab mardi lors de sa conférence de presse.
Il a ajouté que les décisions étaient prises collectivement par les principaux ministres du gouvernement, qui ont des "orientations et des instructions très claires" émanant de Boris Johnson, et s'attellent à les mettre en oeuvre.
(Avec Paul Sandle, Michael Holden, Costas Pitas, Kylie MacLellan, Alistair Smout et Kate Kelland; version française Nicolas Delame, Marine Pennetier, Jean-Philippe Lefief, Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse)