PARIS (Reuters) - La France a commandé plus d'un milliard de masques de protection et souhaite atteindre un objectif de 14.000 à 14.500 lits de réanimation pour faire face à l'épidémie de coronavirus, a annoncé samedi le gouvernement, défendant sa gestion de la crise sanitaire face aux critiques.
Les hôpitaux français ont recensé 319 nouveaux décès dus au Covid-19 au cours des dernières 24 heures, soit une hausse de près de 16%, ce qui porte le total à 2.314 décès, selon les données des autorités sanitaires publiées samedi.
En nombre de décès, la France est le cinquième pays au monde le plus touché, après l'Italie, l'Espagne, la Chine et l'Iran.
Le nombre de cas de contamination enregistrés sur le territoire national s'élève désormais à 37.575 (+4.611 cas), soit une hausse de 14%. Le nombre de personnes hospitalisées atteint 17.620 dont 4.273 cas graves en réanimation.
"Le combat ne fait que commencer", a souligné le Premier ministre Edouard Philippe au cours d'une conférence de presse à Matignon transformée en exercice de pédagogie sur tous les aspects de l'épidémie.
"Les quinze premiers jours d'avril seront difficiles, encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s'écouler", a insisté le chef du gouvernement, après avoir annoncé la veille la prolongation du confinement du pays jusqu'au 15 avril.
Face à cette aggravation attendue, la France souhaite atteindre un objectif de 14.000 à 14.500 lits de réanimation, alors que le pays comptait 5.000 lits de réanimation avant l'apparition de l'épidémie sur le territoire en février, a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran, présent au côté du Premier ministre.
"Ce sont plus de 600 établissements de santé qui sont aujourd'hui en mesure de recevoir des patients atteints du coronavirus Covid-19", a rappelé le ministre de la Santé.
PLUS D'UN MILLIARD DE MASQUES COMMANDÉS
Olivier Véran est également revenu longuement sur la question des masques de protection pour les personnels soignants qui se plaignent d'en manquer, promettant d'en accélérer à la fois la production nationale - huit millions de masques par semaine actuellement - et l'importation.
"Nous avons passé des commandes partout dans le monde et notamment en Chine qui est le centre mondial de fabrication de ces masques", a-t-il dit.
"Je peux vous annoncer un chiffre qui dépasse désormais le milliard, plus du milliard de masques qui ont été commandés en tout depuis la France et l'étranger pour les semaines et les mois à venir."
"Un pont aérien étroit et intensif entre la France et la Chine a été mis en place de manière à faciliter l'entrée des masques sur le territoire", a-t-il ajouté.
Cinq cent mille masques seront également déstockés à destination des Ehpad, les établissements d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes, où des décès dus au Covid-19 sont annoncés chaque jour.
Les tests de dépistage seront également multipliés, notamment à l'approche de la fin du confinement, a poursuivi Olivier Véran.
"De 5.000 tests PCR par jour la semaine dernière, nous sommes passés à 12.000 tests aujourd'hui, nous serons à 20 puis 25 puis 30.000 tests d'ici une grosse semaine et enfin nous atteindrons les 50.000 tests par jour d'ici la fin du mois d'avril", a-t-il précisé.
"IL N'EXISTE AUCUN TRAITEMENT QUI AIT FAIT SES PREUVES"
Des tests rapides, "au lit du malade ou dans la rue pourquoi pas demain lorsque les conditions sanitaires seront remplies ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", permettront d'avoir un résultat en 15 à 30 minutes, a également indiqué Olivier Véran.
"La France a commandé pour 5 millions de ces tests rapides qui arriveront prochainement sur le territoire et nous permettront d'augmenter nos capacités de dépistage de l'ordre de 30.000 tests supplémentaires par jour au mois d'avril, 60.000 au mois de mai et plus de 100.000 tests par jour au mois de juin", a-t-il dit.
Concernant les traitements, alors que de nombreuses voix s'élèvent pour réclamer une généralisation de l'usage de l'hydroxychloroquine, le ministre de la Santé s'en est tenu à la ligne gouvernementale, qui n'autorise cette molécule que dans un cadre strictement réglementé.
"Il n'existe aucun traitement spécifique contre le coronavirus qui ait fait ses preuves formellement en France et dans le reste du monde", a souligné le ministre de la Santé, formulant toutefois l'espoir que les essais de recherche clinique en cours permettront d'y voir plus clair dans les prochaines semaines.
Une décision sur une éventuelle prolongation du confinement de la population sera prise en fin de semaine prochaine en fonction des données chiffrées sur l'évolution de l'épidémie, a quant à lui précisé Edouard Philippe.
"Je ne cherche pas à justifier l'action du gouvernement. Je sais bien que le moment venu, nous tirerons les leçons de la crise. Le Premier ministre répondra à toutes les questions qui seront posées", a-t-il déclaré en préambule de la conférence de presse.
"Certains pensent qu'is savent parfaitement ce qu'il convient de faire. Je leur laisse ce luxe. Avec une très grande humilité et une volonté absolue de permettre au pays de taverser cette crise."
(Jean-Stéphane Brosse)