par Marine Pennetier
PARIS (Reuters) - A l'issue d'une semaine de consultations tous azimuts, Emmanuel Macron a annoncé lundi soir la prolongation jusqu'au 11 mai du confinement obligatoire en vigueur depuis le 17 mars en France, estimant que rien n'était encore "acquis" dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus.
Cette prolongation est conforme aux recommandations du conseil scientifique qui préconisait de le maintenir encore pour "plusieurs semaines" et à celles de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a multiplié les mises en garde ces derniers jours contre "la résurgence mortelle" qu'entraînerait une levée trop rapide des mesures de confinement.
L'exécutif, qui avait préparé les esprits à cette deuxième prolongation, emboîte ainsi le pas à plusieurs autres pays européens durement éprouvés par l'épidémie, à l'image de l'Italie ou de l'Espagne qui ont tous les deux annoncés la prolongation de leur "mise sous cloche" respective.
"L'espoir renaît mais rien n'est acquis", a déclaré le chef de l'Etat français lors d'une allocution diffusée à la radio et à la télévision juste après les applaudissements quotidiens de soutien au personnel soignant.
"L'épidémie n'est pas encore maîtrisée, nous devons donc poursuivre nos efforts et continuer d'appliquer les règles", a-t-il ajouté. "C'est pour cela que le confinement le plus strict doit encore se poursuivre jusqu'au lundi 11 mai."
Les personnes les plus vulnérables, les personnes âgées ou en situation d’handicap sévère et celles atteintes de maladie chronique "devront toutefois" rester confinées "tout au moins dans un premier temps", a-t-il ajouté, souhaitant également la mise en place de "visites aux malades en fin de vie", visites interdites à l'heure actuelle.
Selon le dernier bilan officiel, le nombre de décès a augmenté dimanche de 574 en 24 heures pour atteindre 14.967 depuis le 1er mars, mais le solde des admissions en réanimation est pour le cinquième jour consécutif négatif - de 24 patients.
RÉOUVERTURE PROGRESSIVE DES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES
La date du 11 mai marquera également la réouverture progressive des établissements scolaires (crèches, écoles, collèges et lycées) fermés depuis le 16 mars. Les cours ne reprendront pas "physiquement" en revanche pour les étudiants de l'enseignement supérieur "jusqu'à l'été".
En ce qui concerne les lieux rassemblant du public (restaurants, cafés, hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées), ces derniers resteront fermés, a prévenu le chef de l'Etat. "Les grands festivals et événements avec public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu'à mi-juillet prochain. La situation sera collectivement évaluée chaque semaine pour adapter les choses".
Le confinement, qui limite drastiquement les déplacements et oblige toute personne sortant de chez elle à présenter un justificatif aux forces de l'ordre, a paralysé de nombreux secteurs économiques et provoqué un effondrement historique du PIB (6% prévu en 2020).
Face à ce qui serait la pire récession enregistrée dans l'Hexagone depuis 1945, le gouvernement a annoncé que le plan de soutien à l'économie serait porté à 100 milliards d’euros contre 45 milliards initialement prévus, un montant qui pourrait encore augmenter avec la prolongation du confinement.
"J'ai demandé (au gouvernement) de verser sans délai une aide exceptionnelle aux familles les plus modestes avec des enfants afin de leur permettre de faire face à leurs besoins essentiels", a déclaré Emmanuel Macron, sans en préciser le montant.
Par ailleurs, "un plan spécifiquement sera mis en oeuvre pour les secteurs qui, comme le tourisme, l'hôtellerie, la restauration, la culture et l'événementiel, seront durablement affectés", a-t-il ajouté.
Sous le feu des critiques concernant la pénurie d'équipement de protection, le chef de l'Etat a reconnu pour la première fois des "failles" et "des insuffisances" ainsi que des "ratés et des faiblesses" en matière de logistique.
A partir du 11 mai, a-t-il assuré, une organisation nouvelle sera mise en place avec la distribution de "masque grand public" dont l'usage pourra devenir "systématique" pour les professions les plus exposées et dans les transports en commun.
Par ailleurs, "le 11 mai, nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes", a-t-il ajouté. "Les personnes ayant le virus pourront ainsi être mise en quarantaine, prise en charge et suivie par un médecin".
(Avec Jean-Michel Bélot et Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)