PARIS (Reuters) - L'épidémie due au nouveau coronavirus est dans une phase d'accélération en Île-de-France et un confinement le week-end, avec "très grande vigilance" pendant la semaine, ou un confinement plus large et plus strictement appliqué, sont les deux hypothèses à envisager, a déclaré mercredi Martin Hirsch, directeur de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
"Le virus n'est pas sous contrôle, le taux d'incidence est supérieur à 400. Il y a autant de malades en réanimation aujourd'hui qu'il y en avait au pic de la deuxième vague. (...) On est plutôt dans une phase d'accélération", a-t-il déclaré sur RTL (DE:RRTL).
"Fin mars, on pense, sans que la tendance s'accélère ou ne ralentisse - et elle ne se ralentira pas -, qu'on aura entre 1.700 et 2.100 patients" dans les services de réanimation franciliens, a-t-il poursuivi.
"Si je mets une semaine de plus, si je vais au 6 avril, là on passe entre 2.000 et 2.800 patients en réanimation. Alors 2.800 patients en réanimation, si vous avez de la mémoire, c'est exactement la chose qu'on a eu du mal à prendre en charge il y a un an, début avril l'année dernière", a-t-il expliqué.
"D'ici 15 jours, les mesures qui seront annoncées aujourd'hui ou demain n'auront pas d'impact."
Le directeur de l'AP-HP, tout en précisant que ce n'est pas lui qui prenait les décisions, a évoqué deux scénarios pour Paris et sa région: un confinement le week-end ou un confinement plus large.
"Soit c'est confinement le week-end et il faut l'accompagner avec très grande vigilance pendant la semaine", en incitant chacun au télétravail, à se faire tester, à ne prendre aucun risque, a dit Martin Hirsch. "Soit c'est un confinement plus large et dans ce cas-là il faut que ce soit respecté (...) plus strict."
PEU DE TRANSFERTS DE PATIENTS
Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, a estimé pour sa part qu'un confinement de la région le week-end ne serait pas suffisant pour faire baisser la circulation du virus.
"Un confinement le week-end de l’Ile-de-France ne suffit pas, il faut également faire quelque chose en semaine", a-t-il déclaré sur BFMTV.
"Il y aura des décisions car le gouvernement a réalisé que l’on était au pied du mur et que si on ne faisait rien, on courait à la catastrophe", a-t-il ajouté.
Concernant le transfert des patients d'une région à une autre, un dispositif sur lequel le gouvernement comptait pour soulager la pression dans les hôpitaux et éviter un nouveau confinement, il s'est avéré impossible à appliquer en raison de la réticence des familles et du variant britannique qui aggrave la maladie.
"A peine plus de 10% de patients sont en état d'être transportés. Sur ces 10%, il y a un taux de refus de famille qui est un peu plus élevé qu'au printemps parce que la pression est moins forte, parce que les familles peuvent rendre visite à leurs malades à Paris", a expliqué Martin Hirsch.
"On a en fait dix en trois jours", a-t-il ajouté en évoquant les transferts.
Le Premier ministre, Jean Castex, a déclaré mardi que le moment semblait venu pour mettre en place de nouvelles mesures sanitaires en Ile-de-France, la région étant confrontée à une progression inquiétante des cas de coronavirus.
Un conseil de défense sanitaire doit se tenir ce mercredi à l'Elysée afin de décider d'éventuelles mesures de restrictions supplémentaires afin d'enrayer la recrudescence du virus.
(Claude Chendjou, avec Sudip Kar-Gupta et Benoît Van Overstraeten, édité par Blandine Hénault)