PARIS (Reuters) - Les premières données disponibles sur les défaillances d'entreprises dans une France confinée depuis la mi-mars suggèrent que la vague redoutée n'a pas encore eu lieu mais signalent une fragilisation inquiétante des petites et moyennes entreprises, selon une étude publiée mercredi par le cabinet d'études Altares.
Au cours de la première quinzaine d'avril - marquée par la reprise des audiences dans les tribunaux par visioconférence après deux semaines d'interruption - 649 ouvertures de redressements et liquidations judiciaires et 30 procédures de sauvegarde ont été enregistrées en France.
A titre de comparaison, 2.738 procédures avaient été recensées sur la même période en avril 2019.
"La déferlante redoutée n'est donc pas encore là", note Altares dans un communiqué en imputant cette situation à la période de fermeture temporaire des tribunaux et à l'adaptation des droits des entreprises en difficultés instaurée par ordonnance fin mars, avec notamment la possibilité pour les entreprises en difficultés de reporter les demandes d'ouverture de procédure collective après le 24 juin.
Pour autant, ces premiers chiffres font "émerger un signal fort sur la fragilisation inquiétante des PME, en particulier celles qui étaient déjà en difficultés avant la crise", observe Altares.
Sur la première quinzaine d’avril 2020, 12% des défaillances enregistrées concernent une PME, contre un taux de 5% observé un an plus tôt, souligne le cabinet d'études en précisant que les deux tiers de ces structures se trouvaient déjà en cessation de paiement avant le 12 mars.
Selon l'étude d'Altares, "à ce stade, aucun secteur d'activité ne présente de 'surmortalité' par rapport à une période 'normale.'"
Avec le rallongement des délais accordés aux entreprises en cessation de paiement pour demander l'ouverture de procédures collectives, le rythme des défaillances pourrait s'accélérer à partir du 24 juin, avec la fin de cette "parenthèse".
"Il sera aussi important de mesurer les effets des plans d'aide et de relance que les pouvoirs publics mais aussi les acteurs du privé ont déjà initié ou pourraient encore dévoiler dans les prochaines semaines", souligne Thierry Millon, directeur des études Altares.
Avant la mise à l'arrêt de l'économie française pour cause d'épidémie de nouveau coronavirus, le premier trimestre avait été marqué par une nouvelle baisse des défaillances d'entreprises, avec un total de 11.500 défaillances enregistrées, soit 6.000 de moins que sur les trois premiers mois de 2019.
"Le premier trimestre 2020 avait (...) bien démarré, en dépit des grèves qui avaient pénalisé fortement l'activité francilienne. Les TPE et les PME disposaient d'une trésorerie globalement confortable leur permettant d'être pendant quelques semaines plus résilientes face à cette crise forte et soudaine", précise Thierry Millon.
(Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault)