PARIS (Reuters) - Le Premier ministre, Edouard Philippe, et le ministre de la Santé, Olivier Véran, sont auditionnés ce mercredi par l'Assemblée nationale sur la gestion de la crise de l'épidémie de coronavirus en France, vertement critiquée par une partie de l'opposition et certains professionnels de santé.
Le chef du gouvernement s'exprimera en visioconférence à 18h00 devant les 31 députés de la mission d'information appelée à contrôler chaque semaine les mesures prises par l'exécutif face à l'épidémie qui a bouleversé la vie des entreprises et fait plus de 3.500 morts en France.
Cette mission parlementaire, dont le président de l'Assemblée, Richard Ferrand, est le rapporteur, vise à étudier "l'impact, la gestion et les conséquences" de l'épidémie et n'a pas vocation à ce stade à mener des investigations.
Les échanges s'annoncent toutefois denses au vu des critiques qui se sont multipliées sur la prise de conscience jugée tardive de la crise ou encore sur le manque criant d'équipement de protection à disposition du personnel soignant.
Des plaintes contre des ministres ont notamment été déposées pour "mise en danger de la vie d'autrui" devant la Cour de justice de la République (CJR). Une pétition en soutien à une plainte déposée par un collectif de plus de 600 médecins dénonçant un "mensonge d'Etat" a quant à elle déjà recueilli plus de 350.000 signatures.
Après une période de relative unité nationale qui a prévalu jusqu'au premier tour des élections municipales, le 15 mars, une partie de l'opposition a durci le ton, à l'image de la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui a accusé le gouvernement de mentir sur "absolument tout, sans aucune exception".
Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé de son côté qu'Emmanuel Macron - qui a fustigé mardi les "irresponsables" qui "cherchent déjà à faire des procès alors que nous n'avons pas gagné la guerre" - était "au bout de sa vie".
LA DROITE "RESPONSABLE", LE PS "PAS DONNEUR DE LEÇONS"
"Il est fatigué (...) tout son cadre mental s'est effondré", a-t-il déclaré mercredi sur franceinfo. "Cet homme vient de la finance, de la banque, il croit que le marché va tout régler et il découvre un jour que ce n'est pas vrai, que ça ne fonctionne pas."
"La démocratie n'est pas mise entre parenthèses, il faut que M. Macron le comprenne et l'admette", a-t-il ajouté. "Il faut arrêter de nous dire des choses qui ne sont pas vraies".
D'autres opposants ont opté pour un ton plus modéré. Dans les rangs des Républicains (LR), les prises de parole se multiplient pour, comme le président du Sénat Gérard Larcher, mettre en garde contre une "désunion nationale" qui "serait la pire des choses".
"La droite a été responsable depuis le début", a souligné le député de l'Ain et président du groupe LR au Palais-Bourbon, Damien Abad, sur franceinfo mercredi, "en votant les mesures d'urgence sanitaire et économique, en donnant les moyens au gouvernement de pouvoir agir dans cette crise" et "en déposant une commission d'enquête non pas pour aujourd'hui mais pour l'automne prochain".
Si l'actuelle mission parlementaire "donne satisfaction, on ne fera pas la nôtre, ou alors nous la ferons sous un autre angle", a-t-il déclaré ce week-end dans le Journal du dimanche.
Même prudence côté socialistes, dont le premier secrétaire, Olivier Faure, a reconnu dimanche sur France Inter que la gestion d'une "crise comme celle-là" était "très compliquée" et jugé qu'on ne pouvait "pas se poser en donneurs de leçons".
Selon le dernier bilan basé sur les remontées des hôpitaux, l'épidémie de coronavirus, apparu en décembre en Chine avant de se propager dans plus de 200 pays, a causé la mort de 3.523 personnes pour 52.128 cas de contamination en France.
Pour tenter de freiner la propagation du virus, l'exécutif a prolongé vendredi dernier de deux semaines, jusqu'au 15 avril, le confinement obligatoire instauré le 17 mars qui restreint drastiquement les déplacements sous peine de sanctions.
Le Parlement a adopté de son côté un train de mesures relatif à cette crise, qui prévoit notamment l'instauration d'un "état d'urgence sanitaire" et un plan de soutien pour l'économie.
(Marine Pennetier et Elizabeth Pineau, édité par Bertrand Boucey)