(Reuters) - La Grande-Bretagne est devenue jeudi le premier pays à autoriser le molnupiravir, le traitement antiviral par voie orale des formes légères à modérées de COVID-19 chez l'adulte développé par le laboratoire américain Merck et la biotech américaine Ridgeback Biotherapeutics.
L'agence britannique des médicaments (Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency, MHRA) annonce dans un communiqué que cet antiviral, dont le nom commercial est Lagevrio, s'est avéré "sûr et efficace après examen rigoureux des données disponibles".
Dans le sillage de cette annonce, le titre Merck a accentué sa progression dans les échanges d'avant-Bourse à Wall Street et s'inscrivait en hausse de 2,1%.
Le molnupiravir, qui empêche la multiplication du coronavirus SARS-CoV-2 dans l'organisme et réduit donc la sévérité des symptômes, est donc désormais autorisé en Grande-Bretagne pour les adultes souffrant d'une forme légère à modérée de COVID-19 et présentant au moins un facteur de risque favorisant la survenue d'une forme sévère (diabète, obésité, troubles cardiaques ou encore âge supérieur à 60 ans, par exemple).
Selon l'avis de la MHRA, le traitement doit être administré dès que possible après un test de dépistage positif ou dans les cinq jours suivant la survenue des symptômes.
Pour la directrice générale de la MHRA, le Dr June Raine, le fait que ce nouveau traitement, administré par voie orale et non intraveineuse, vienne rejoindre l'arsenal anti-COVID est capital parce que "cela signifie qu'il peut être pris en dehors de l'hôpital, avant que le COVID-19 ne progresse jusqu'à un stade sévère".
Robert M. Davis, PDG de Merck, a quant à lui salué dans un communiqué cette première autorisation à l'échelle mondiale, jugeant qu'il s'agissait d'un "succès majeur" pour le laboratoire américain, qui est appelé MSD (pour Merck Sharp (T:6753) & Dohme) hors des Etats-Unis, afin de le distinguer du laboratoire allemand Merck KGaA.
"Nous continuerons à avancer en combinant rigueur et rapidité pour pouvoir fournir aussi vite que possible le molnupiravir aux patients à travers le monde", ajoute-t-il.
Le groupe a déjà déposé une demande d'homologation en urgence auprès de l'autorité sanitaire américaine, la Food and Drug Administration (FDA) et cet antiviral fait également l'objet d'un examen en continu de la part de l'Agence européenne des médicaments (AEM).
Le laboratoire américain précise dans son propre communiqué que dans l'optique de l'autorisation de ce traitement, il a déjà commencé la production de molnupiravir et prévoit de fournir d'ici à fin 2021 10 millions de schémas thérapeutiques complets (à raison de 800 mg deux fois par jour pendant cinq jours), avec une production portée à au moins 20 millions en 2022.
Merck précise avoir déjà conclu des accords avec plusieurs pays à travers le monde en prévision de l'homologation de ce traitement, citant par exemple des pré-commandes de la Grande-Bretagne portant sur 480.000 traitements à base de molnupiravir ou des Etats-Unis pour 1,7 million de schémas thérapeutiques complets.
Le ministre français de la Santé, Olivier Véran, a annoncé lors d'une audition devant des sénateurs fin octobre que la France avait commandé 50.000 doses de ce traitement.
(Rédigé par Pushkala Aripaka à Bengalore, avec la contribution de Myriam Rivet à Paris, édité par Sophie Louet)