par Caroline Copley
BERLIN (Reuters) - Le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, a exhorté jeudi les 16 Länder du pays à renforcer rapidement les restrictions pour tenter de ralentir la troisième vague de l'épidémie de COVID-19, sans attendre que les autorités fédérales ne puissent légiférer à ce sujet.
Cet appel du ministre intervient alors que le nombre de nouvelles contaminations par le coronavirus SARS-CoV-2 a bondi à 29.426 au cours des dernières 24 heures, un niveau sans précédent depuis le 8 janvier.
Selon les données publiées jeudi par l’institut fédéral Robert Koch (RKI) pour les maladies infectieuses (équivalent allemand de l'Institut Pasteur en France), le bilan de l'épidémie en Allemagne s'élève désormais à 3,073 millions de cas confirmés d'infection par le coronavirus et 79.381 morts, dont 293 décès supplémentaires depuis la veille.
"Nous avons vu l'automne dernier ce qui se passait lorsque nous ne réagissons pas assez vite", a déclaré Jens Spahn aux journalistes.
Il a souligné que le nombre de patients hospitalisés en soins intensifs devrait s'établir à 6.000 d'ici la fin du mois, selon les prévisions du corps médical.
Le président du RKI, Lothar Wieler, a quant à lui qualifié la situation hospitalière de "dramatique", en appelant les responsables politiques à agir immédiatement pour bloquer cette troisième vague.
PAS D'IMMUNITÉ COLLECTIVE AVANT LE T3
L'Allemagne peine à contenir la propagation du variant dit britannique, beaucoup plus contagieux que la forme non mutée du SARS-CoV-2.
La frustration croissante au sein de la population allemande sur la gestion de la crise sanitaire pèse sur la cote de popularité du camp conservateur d'Angela Merkel à cinq mois d'élections fédérales qui marqueront le retrait de la chancelière du pouvoir après quatre mandats.
Les questions sanitaires relèvent en Allemagne de la compétence des Länder mais alors que certains d'entre eux sont réticents à durcir leurs restrictions, Angela Merkel prévoit d'étendre temporairement les prérogatives du gouvernement fédéral afin de pouvoir imposer des confinements dans les régions confrontées à une flambée des contaminations.
Le vice-chancelier Olaf Scholz a défendu jeudi les derniers durcissements de ce projet de loi sur la protection contre les infections, qui prévoit notamment l'instauration de couvre-feux dans les régions où le nombre de nouveaux cas (incidence) de contamination sur sept jours dépasse 100 pour 100.000 habitants.
"Ces mesures ont aidé partout, elles ont été mises en place dans de nombreux pays à travers le monde et elles ont permis de faire baisser les taux d'incidence", a-t-il dit à la chaîne de télévision ARD, en ajoutant qu'il fallait agir pour limiter la propagation du coronavirus.
Car même si la campagne de vaccination accélère en Allemagne, Jens Spahn a prévenu que l'immunité collective ne serait pas atteinte avant le troisième trimestre.
Selon le ministre de la Santé, environ 20% de la population devrait avoir reçu au moins une première dose de vaccin anti-COVID d'ici fin avril et cela devrait concerner l'ensemble des adultes souhaitant se faire vacciner d'ici la fin de l'été.
(Version française Myriam Rivet, édité par Bertrand Boucey)