PARIS (Reuters) - La cinquième vague de l'épidémie de COVID-19 est déjà présente en France et va s'accélérer dans les prochaines semaines, a prévenu mercredi le président du conseil scientifique Jean-François Delfraissy, appelant à renforcer l'application du port du masque et du "pass sanitaire".
"(La cinquième vague) est là, elle est là probablement depuis la mi-octobre", a-t-il déclaré sur France Inter.
"Il y a une accélération, c'est clair, de la cinquième vague et on va la voir sur les semaines qui viennent", a-t-il prévenu, évoquant l'arrivée de l'hiver favorisant la circulation du coronavirus et le variant Delta "extrêmement transmissible".
Près de 20.000 nouveaux cas de COVID-19 ont été recensés mardi en France, ce qui représente une augmentation de 60% sur une semaine, a indiqué mercredi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
"Partout l'épidémie accélère et reprend du terrain", a-t-il dit à l'issue du conseil des ministres, soulignant néanmoins que le nombre d'hospitalisations liées au COVID-19 restait limité.
"Aujourd'hui en France notre couverture vaccinale bloque la mécanique infernale du virus et l'augmentation forte des contaminations n'est pas suivie pour l'instant du même impact dans les hospitalisations", a-t-il souligné.
"On sent toutefois un frémissement, une augmentation de l'ordre de 10% des patients hospitalisés pour COVID sur une semaine, et cela nous appelle donc à la vigilance", a poursuivi Gabriel Attal.
Avec l'arrivée du vaccin, le nombre d'hospitalisations liées au COVID-19 est devenu le principal indicateur suivi par le gouvernement pour la mise en oeuvre éventuelle de nouvelles mesures destinées à endiguer l'épidémie.
Gabriel Attal a répété mercredi qu'il n'était pas prévu, à l'heure actuelle, de mesures supplémentaires dans le pays.
"IL FAUT REMETTRE LE MASQUE"
Selon Jean-François Delfraissy, les prévisions indiquent que le nombre d'hospitalisations par jour liées au COVID-19 pourrait monter jusqu'à 1.400 "probablement peut-être début décembre".
"C'est beaucoup moins que la première et deuxième vagues, mais c'est quand même beaucoup", a-t-il observé.
Le président du conseil scientifique estime que le système de soins a la capacité de faire face à cette cinquième vague "à condition que nous utilisions tous les outils de la boîte à outils", évoquant la vaccination des personnes non encore vaccinées, la dose de rappel et l'application rigoureuse des gestes barrières et du "pass sanitaire".
"Il faut qu'on remette le masque. Je sais que c'est difficile, je sais que tout le monde en a marre, mais ce sont des mesures individuelles", a-t-il dit.
Il a aussi appelé à "réutiliser pleinement" le pass sanitaire, "ce qui n'est plus le cas actuellement". "Il y a un restaurant sur deux à Paris qui ne demande plus le pass sanitaire", a-t-il regretté.
Jean-François Delfraissy a également déclaré qu'un renforcement du télétravail pourrait aider à faire face à la nouvelle vague épidémique.
"Si nous utilisons tous les outils, nous devrions pouvoir limiter les effets de cette cinquième vague mais ça va être difficile", a-t-il jugé.
Jean-François Delfraissy a aussi estimé que le rappel vaccinal, limité actuellement aux personnes les plus âgées et les plus fragiles, devrait probablement être étendu à l'ensemble de la population mais qu'il n'y avait pas d'urgence à le faire.
"A mes yeux, on sera amené très probablement à aller vers une troisième dose en population générale. Il n'y a pas d'urgence pour cette population plus jeune parce qu'elle a été vaccinée plus tard", a-t-il dit.
(Reportage Blandine Hénault, édité par Nicolas Delame)