PÉKIN (Rentiers) - Le président chinois Xi Jumping s'est entretenu samedi avec une série de dirigeants, dont ceux de la Serbie, de l'Égypte et du Kazakhstan, profitant de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver de Pékin pour prendre des initiatives diplomatiques dans un contexte de tensions avec les États-Unis.
A la suite de ces rencontres, qui s'ajoutent à celle de vendredi avec le président russe Vladimir Poutine, Xi Jinping a présidé au Grand Palais du Peuple un banquet marquant le Nouvel An lunaire. C'est la première fois que le président chinois participait à un tel rassemblement de chefs d'État depuis le début de l'épidémie de COVID-19, fin 2019.
Dans un toast de bienvenue, Xi Jinping a exprimé "ses sincères remerciements à tous les gouvernements, peuples et organisations internationales qui se soucient et soutiennent les Jeux olympiques d'hiver de Pékin".
"La Chine a fait tout son possible pour surmonter l'impact de l'épidémie de coronavirus, a sincèrement rempli ses engagements solennels envers la communauté internationale et a veillé à ce que les Jeux olympiques d'hiver de Pékin se déroulent comme prévu", a-t-il ajouté, selon un texte du discours publié par l'agence de presse Xinhua.
Une trentaine de dirigeants étrangers ont assisté à Pékin à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver, boycottée diplomatiquement par les États-Unis et d'autres pays occidentaux dans un contexte de tensions géopolitiques et d'accusations de violations des droits de l'homme dans la région du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine.
Le Global Times, dirigé par le Quotidien du peuple du Parti communiste au pouvoir, a riposté aux commentaires de médias étrangers affirmant que l'événement n'avait attiré que des dirigeants "autoritaires", les accusant dans un éditorial de recourir à des "clichés anti-chinois dépassés".
CONVERGENCES AFFICHÉES AVEC POUTINE
Xi Jinping s'est entretenu en particulier samedi avec le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, le serbe Aleksandar Vucic et le président égyptien Abdel Fatta Al-Sisi, a rapporté Xinhua. Il a également rencontré le président turkmène Gurbanguly Berdymukhamedov et son homologue ouzbèke Shavkat Mirziyoyev.
Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, s'est entretenu de son côté avec le président de l'Équateur, Guillermo Lasso, la présidente de Singapour, Halimah Yacob, et le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Dans un communiqué conjoint publié après la rencontre de vendredi entre Xi Jinping et Vladimir Poutine, les deux dirigeants affichent leur proximité, Moscou s'exprimant contre l'indépendance de Taïwan et la Chine apportant son soutien à la Russie dans son opposition à toute forme d'expansion de l'Otan.
La Russie a massé 115.000 soldats près de l'Ukraine, selon Kiev, mais dément toute intention d'envahir le territoire de sa voisine, dont elle a annexé la péninsule de Crimée en 2014. Moscou réclame de la part des Occidentaux des garanties sur sa sécurité, dont l'arrêt de toute expansion de l'Otan vers l'Est, exigence rejetée par les Etats-Unis et l'Alliance atlantique.
Kevin Rudd, ancien Premier ministre australien et président de l'Asia Society, a qualifié la déclaration conjointe de "très significative".
C'est "la première fois depuis la scission sino-soviétique que la Chine prend une position définitive sur la sécurité européenne pour soutenir la Russie sur quelque chose d'aussi fondamental que l'Otan", a-t-il fait remarquer samedi.
Taïwan a jugé de son côté "méprisable" le moment choisi pour afficher ces convergences, ajoutant que le gouvernement chinois faisait honte à l'esprit des Jeux olympiques.
(David Stanway; version française Elizabeth Pineau)