Le pionnier des sites de socialisation MySpace, appartenant au magnat Rupert Murdoch, a annoncé mardi qu'il allait supprimer près du tiers de ses effectifs, amorçant une cure d'amaigrissement qui pourrait l'aider à regagner le terrain perdu au bénéfice de concurrents.
"Nos effectifs étaient enflés et freinaient notre capacité à devenir une société efficace et agile, travaillant en équipe", a déclaré le directeur général, Owen Van Natta, cité dans un communiqué.
"Je comprends que ces changements soient douloureux pour beaucoup de gens. Ils sont aussi nécessaires pour la santé à long terme et la culture MySpace", a-t-il ajouté.
Au total, jusqu'à 500 personnes pourraient quitter la société, rachetée par le groupe News Corporation en 2005, moyennant 580 millions de dollars.
Ces changements interviennent moins de deux mois après l'arrivée aux commandes d'une nouvelle direction, après l'éviction des cofondateurs, des professionnels du marketing qui avaient lancé MySpace en 2003.
La feuille de route avait été clairement fixée par le patron des activités numériques de News Corporation: regagner une place de premier plan alors que MySpace a perdu des utilisateurs jusqu'à se faire largement devancer par Facebook, un site concurrent lancé dans une chambre de Harvard en 2004 par le jeune PDG Mark Zuckerberg et des amis.
MySpace revendique 130 millions d'utilisateurs contre 200 millions pour Facebook, dont la croissance s'est accélérée à l'international.
Même avec des effectifs réduits, cependant, MySpace continuera de faire travailler plus de monde que son concurrent, avec un millier de salariés aux Etats-Unis, contre environ 850 au total revendiqués par Facebook.
"MySpace a beaucoup de succès, mais pas assez pour garder le nombre d'employés qu'il avait. Il y a des chances qu'il garde assez de chiffre d'affaires pour durer longtemps, mais il devait se recentrer", a commenté Josh Bernoff, un analyste de Forrester interrogé par l'AFP.
Jonathan Miller, le patron des activités internet de News Corp, n'a pas indiqué les économies attendues de cette restructuration.
Il n'a pas non plus été précisé si MySpace était rentable, comme l'affirmait l'ancienne direction il y a deux mois. Le groupe bénéficie pour l'instant, et pour un an encore, d'un contrat avec Google lui assurant quelque 300 millions de dollars par an.
Pour Jon Ogg, du site d'analyse financière 247WallSt.com, "vu comme les modèles publicitaires des sites de socialisation sont jusqu'à présent inefficaces, vous pouvez parier qu'on n'en est pas à la dernière vague de licenciements dans le secteur".
Pour ce qui est du développement de MySpace, plusieurs experts estimaient qu'il aurait intérêt à se spécialiser sur les créneaux où il reste en tête, l'offre de musique et de vidéo.
"Les sites (de socialisation) vont se concurrencer sur l'expérience qu'ils offrent: MySpace pourrait devenir leader pour ceux ayant une offre média, Facebook pourrait être le site principal pour organiser les activités amicales, mais il pourrait y bien y avoir plein de sites, centrés sur l'éducation ou les courses de bateaux à moteurs", estime M. Bernoff, prédisant l'avènement d'une ère de sites de "niches" - "et MySpace pourrait bien avoir la plus grande de ces niches", dit-il.