MARSEILLE/PARIS (Reuters) - Manuel Valls a appelé mardi soir à la fin de la grève à la SNCM, jugeant inévitable le placement en redressement judiciaire de la compagnie maritime que le Premier ministre pense "en danger de mort".
"Cette situation ne peut plus durer et il faut un redressement judiciaire parce que cette entreprise est en train de couler", a prévenu le chef du gouvernement sur TF1.
Parallèlement à la réouverture des négociations avec le négociateur nommé par le gouvernement, Gilles Bélier, l'assemblée générale des salariés a voté mardi matin la poursuite de la grève pour 24h00.
Les syndicats refusent toujours le placement en redressement judiciaire de la SNCM, évoqué par le secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier. Les élus locaux marseillais demandent pour leur part un moratoire de quatre mois sur une telle procédure.
"La société SNCM devra être redressée. Il faut donc trouver une solution pour ses salariés et pour l'entreprise", a insisté Manuel Valls.
"Il faut que la grève s'arrête parce que chaque jour qui passe, non seulement pour Marseille et la Corse c'est insupportable, mais l'entreprise elle même est en danger de mort", a-t-il ajouté.
"LES BONNES SOLUTIONS"
Aux yeux du Premier ministre, la SNCM a un avenir "si elle est capable de relever les défis qui se posent sur d'autres projets, et notamment des liaisons avec le Maghreb".
"Si on veut sauver cette entreprise, non seulement il faut être autour de la table mais il faut prendre les bonnes solutions. Et la bonne solution, ce n'est pas de bloquer les ports et de se mettre en grève", a-t-il conclu.
Outre leur opposition au redressement judiciaire, les six syndicats de la SNCM demandent un éclaircissement sur la stratégie de Transdev, coentreprise de Veolia et de la Caisse des Dépôts, qui détient 66% du capital de la SNCM qu'elle souhaite désormais quitter.
"Le médiateur peut et doit revenir avec le déblocage attendu de l'actionnaire Transdev qui permette une mise en oeuvre loyale de sa mission", indique Maurice Perrin, délégué CGC, dans un communiqué.
"Les partenaires sociaux souhaitent qu'elle aboutisse à un projet de protocole et de calendrier sécurisés et sûrs qui paraissent accessibles au terme des discussions de lundi", ajoute-t-il.
Les syndicats réclament à l'Etat et aux actionnaires des assurances sur la mise en oeuvre du plan industriel de l'ancienne direction de la compagnie, dont Transdev a repris le contrôle en mai dernier.
Le plan industriel de la SNCM signé en juin 2013 prévoyait la suppression de 500 emplois sur un total de 2.600 et le renouvellement de la flotte avec l'achat de quatre navires.
La situation de la SNCM est notamment grevée par la décision de la Commission européenne, qui réclame le remboursement de 440 millions d'euros d'aides d'Etat jugées illégales.
(François Revilla à Marseille et Elizabeth Pineau à Paris, édité par Gérard Bon)