Une "étape" de réflexion, plutôt que le lancement concret de grands chantiers: le gouvernement doit tirer mercredi les leçons des Assises de la mobilité, vaste débat engagé en septembre pour l'aider à définir sa politique de transports.
Si la ministre des Transports Elisabeth Borne donnera quelques orientations, "ça sera une étape" dans une réflexion contrainte par les impératifs budgétaires, a expliqué un participant à l'AFP. "On ne va pas parler de projets, mais de la philosophie des projets."
En clair, il faudra attendre encore un peu, début 2018, pour savoir si l'on construira un jour, ou pas, des projets onéreux et controversés tels que la ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse.
On va en attendant parler multimodalité, amélioration des "transports du quotidien", financement des infrastructures, équilibre financier des transports en commun, alternative à l'écotaxe, livraisons, numérique, écologie, innovation, sécurité...
Une cinquantaine d'ateliers ont été organisés pendant deux mois et demi dans toute la France, pour enrichir la réflexion, tandis qu'une consultation en ligne a recueilli plus de 20.000 avis.
Pour comprendre la démarche d'Elisabeth Borne, il faut remonter au Grenelle de l'Environnement, lancé par Nicolas Sarkozy il y a dix ans.
La loi dite "Grenelle I" avait prévu la construction de lignes à grande vitesse (LGV) un peu partout en France, avec, corollaire, "l'ambition de ne plus augmenter la capacité routière globale".
Tandis que le gouvernement échafaudait diverses moutures d'un Schéma national des infrastructures de transport (Snit) à 250 milliards d'euros, des concertations publiques avaient été lancées sur des hypothèses de tracé.
Sous François Hollande, Philippe Duron --alors député (PS) du Calvados, et devenu entretemps président de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf)-- a été chargé de faire le tri, alors que la suppression de l'écotaxe laissait planer le doute sur les financements promis.
Au final, les LGV déjà lancées (Tours-Bordeaux, Le Mans-Rennes, contournement de Nîmes et Montpellier) ont été bouclées, sans toutefois que soient lancés des chantiers importants. Et, si beaucoup de rond-points sont apparus dans le paysage, peu de routes nouvelles ont été construites.
- calendrier et financement -
Arrivé aux affaires, Emmanuel Macron a annoncé "une pause" dans les grands projets. "L'Etat ne prendra plus de grands engagements, ne lancera plus de nouveaux grands chantiers tant que la loi d'orientation des mobilités ne sera pas adoptée", a lancé le chef de l'Etat en juillet.
Concrètement, Elisabeth Borne va donc --selon les mots de son ministère-- "définir (...) une stratégie et une programmation soutenables des actions à mener dans la prochaine décennie".
Dans le cadre des Assises, elle a installé un Conseil d'orientation des infrastructures (COI) composé de parlementaires, d'élus locaux et d'experts, qui doit réactualiser le travail fait en 2013 par Philippe Duron. Lequel en a pris la présidence.
Le COI a déjà commencé à examiner certains projets, selon un participant. Il rendra ses conclusions en janvier, permettant au ministère de préparer une loi de programmation des infrastructures --avec calendrier et financements--, qui sera une partie intégrante de la future loi d'orientation des mobilités.
C'est aussi en janvier que l'ancien patron d'Air France (PA:AIRF) Jean-Cyril Spinetta devrait remettre son rapport sur la "refondation" du modèle ferroviaire français, tiraillé entre une priorité longtemps donnée aux TGV et la nécessité de rénover le réseau classique, sur fond d'endettement record et d'ouverture à la concurrence.
Le texte gouvernemental est attendu dans la foulée, à la fin de l'hiver.
Les élus locaux sont évidemment en embuscade, qui ne comptent pas abandonner leur bout de LGV, leur desserte rapide, leur aéroport ou leur projet autoroutier.
Plusieurs ONG et associations de défense de l'environnement comptent a contrario sur ces Assises pour tourner la page des grands travaux.