L'industrie textile française a rebondi en 2014, notamment grâce à l'exportation, mais les perspectives apparaissent contrastées selon les secteurs. La lingerie en particulier est affectée pour des raisons à la fois conjoncturelles et structurelles, tandis que les textiles techniques restent porteurs, a expliqué lundi Emmanuelle Butaud-Stubbs, déléguée générale de l'Union des industries textiles (UIT).
QUESTION: Quelle est la situation de l'industrie textile française en 2014 et quelles sont ses perspectives pour 2015?
REPONSE: "En 2014, l'industrie a rebondi avec une progression du chiffre d'affaires (+3%), de la production (+1%) et des exportations (+4%).
L'exportation joue un rôle clé de relais de croissance avec une contribution significative au chiffre d'affaires, de 8,1 milliards d'euros sur 12,8 milliards au total en 2014. La dynamique a notamment été positive vers les pays hors UE, comme la Chine, les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis.
Pour 2015, les perspectives sont contrastées selon le profil des entreprises.
Elles sont plutôt défavorables pour les entreprises de produits finis destinés au marché français, en raison d'une consommation d'articles de mode et de maison plutôt atone en France. Mais elles apparaissent plutôt favorables pour les entreprises exportatrices et les entreprises de textiles à usage technique, notamment sur les marchés de la santé et de l'aéronautique.
Les emplois à la production industrielle continuent à s'éroder légèrement, du fait de départs en retraite non remplacés, de l'arrêt d'activité de petites structures et de plans de réduction d'effectifs dans certaines entreprises."
Q: Le secteur de la lingerie connaît-il des difficultés spécifiques?
R: "La lingerie féminine a subi en 2014 un léger repli de son chiffre d'affaires de 780 millions d'euros en 2014 (contre 799 millions en 2013), dû principalement à une baisse du chiffre d'affaires en France (-4,7%) dans un contexte de consommation mal orientée.
L'industrie du sous-vêtement masculin a également légèrement reculé en 2014 avec un chiffre d'affaires estimé à 160 millions d'euros (contre 168 millions en 2013) avec là également comme raison principale, la baisse des performances en France (-4,9%), mais aussi des exportations (-4,3%).
Les raisons conjoncturelles sont les tensions sur le pouvoir d'achat et les arbitrages de consommation en France défavorables à la lingerie, ainsi que la crise en Russie et en Ukraine qui a un impact significatif sur les exportations françaises.
Mais il y a aussi des raisons structurelles, davantage liées à des changements de mode de vie comme la généralisation du pantalon chez les femmes qui pèse sur la consommation de collants, et le développement d'une offre de lingerie à bas prix dans les chaînes d'habillement généralistes."
Q: Quelle place ont pris les textiles techniques en France?
R: "Les textiles à usage technique représentent un relais de croissance pour l'industrie textile française depuis plusieurs années et leur part est aujourd'hui estimée à 40% du chiffre d'affaires total en 2014.
Ces produits destinés à des marchés professionnels intègrent souvent plus de valeur ajoutée et répondent à des cahiers des charges très exigeants. En outre, le matériau textile, parce qu'il est souple, léger, résistant et fonctionnalisable, connaît un succès croissant par rapport au papier, au plastique ou au cuir.
Au niveau européen, la production de tissus non tissés et de composites est en croissance, tirée par des marchés de l'aéronautique et de la santé bien orientés ainsi que dans les sports et loisirs, alors que les applications dans le bâtiment souffrent.
Le plan stratégique +Textiles techniques et intelligents+ devrait confirmer les opportunités de marché pour les textiles bio-sourcés et les vêtements connectés."
Propos recueillis par Simon BOEHM.