La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a maintenu mercredi sa politique de soutien exceptionnel à l'économie américaine, soulignant que les coupes budgétaires massives entrées en vigueur dans le pays "freinaient" la reprise.
"La politique budgétaire freine la croissance économique", a indiqué le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) à l'issue d'une réunion entamée mardi à Washington, marquant un changement notable avec son précédent diagnostic.
Lors de sa dernière réunion fin mars, les douze membres du FOMC avaient simplement noté que la politique budgétaire américaine était devenue "quelque peu restrictive".
Depuis début mars, des coupes automatiques sont entrées en vigueur aux Etats-Unis où elles menacent d'amputer le budget de 85 milliards de dollars d'ici à la fin septembre et risquent de réduire la croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,5 à 0,6 point de pourcentage, selon les estimations.
Dans son communiqué, la Banque centrale continue par ailleurs de brosser un tableau contrasté de l'économie américaine. Elle note certes que l'activité a crû à un rythme "modéré" et salue la progression de la consommation des ménages et la bonne tenue du secteur immobilier.
Mais sur l'emploi, qui figure en tête de ses priorités, la Fed note que le taux de chômage reste "élevé" (7,6% en mars) en dépit de léger signes d'amélioration apparus "ces derniers mois" et dans l'attente des nouveaux chiffres du chômage qui doivent être publiés vendredi.
Dans ce contexte, et conformément aux prévisions des analystes, la Fed a décidé de maintenir son plan anti-crise, suggérant toutefois qu'elle ne fermait pas la porte à une intensification de son soutien à l'économie.
capitaux déstabilisateurs
Elle a d'abord confirmé la poursuite de ses injections de liquidités dans le circuit financier au rythme de 85 milliards de dollars nets par mois, via notamment le rachat de bons du Trésor américain à hauteur de 45 milliards de dollars.
La Fed a ajouté qu'elle se tenait prête à "accélérer ou ralentir" le rythme de ces achats d'actifs en fonction des perspectives sur le marché du travail et des variations de l'inflation.
La Réserve fédérale a également réitéré son engagement à maintenir le taux directeur de la Réserve fédérale dans la fourchette de 0 à 0,25%, qui lui est assignée depuis décembre 2008, tant que le taux de chômage continuera de dépasser 6,5% et si cela ne compromet pas son objectif d'inflation à moyen terme, fixé à 2,0% sur un an.
Ces mesures ont pour but d'exercer une pression à la baisse sur l'ensemble des taux d'intérêt, du plus court au plus long terme, afin de favoriser la consommation et le marché du logement et, au final, soutenir la reprise du marché de l'emploi.
Comme lors des précédentes réunions en janvier et en mars, un membre du FOMC, la présidente de la Fed de Kansas City (centre), Esther George, a voté contre la poursuite de cette politique ultra-accommodante, soulignant qu'elle pouvait être porteuse de "déséquilibres économiques".
Les effets indésirables de l'action des grandes banques centrales suscitent des inquiétudes croissantes. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment relayé les récriminations de pays émergents, qui accusent ces politiques d'alimenter des flux de capitaux déstabilisateurs pour leur économie.
Le FMI a également admis qu'un retrait "désordonné" de ces politiques non-conventionnelles pouvait constituer une menace pour la stabilité financière.