Les partis politiques allemands qui négocient la formation d'un futur gouvernement ont franchi un premier pas important avec un accord de principe pour maintenir une politique budgétaire rigoureuse, avec absence de déficit, dans les années à venir.
Un accord de principe sur la future politique budgétaire et financière du gouvernement jusqu'en 2021 a été conclu dans la nuit de mardi à mercredi par les négociateurs des conservateurs de la chancelière Angela Merkel, des Libéraux du FDP et des écologistes.
Il est encore très fragile. Les partis n'en sont qu'au stade de discussions exploratoires et rien ne sera gravé dans le marbre tant qu'un accord global et final ne sera pas acté, ce qui ne devrait pas intervenir avant la fin de l'année.
Néanmoins, le fait qu'ils aient pu si vite trouver un compromis sur une question aussi sensible que la politique budgétaire constitue une surprise.
Les trois familles politiques "veulent un budget équilibré" au niveau fédéral durant le mandat à venir qui court jusqu'à l'automne 2021, indique un document adopté par la CDU de la chancelière, son allié bavarois CSU, le FDP et les Verts.
Elles entendent ainsi poursuivre la politique orthodoxe incarnée ces dernières années par l'ancien ministre des Finances Wolfgang Schäuble, qui a fait de l'absence de déficits l'alpha et l’oméga de sa politique. L'Allemagne dégage même depuis plusieurs années de confortables excédents budgétaires.
L'engagement des partis porte non seulement sur le gouvernement fédéral mais aussi sur les comptes publics allemands dans leur ensemble, c'est-à-dire en incluant les Etats régionaux et les caisses de sécurité sociale publiques.
Ils se sont en effet également entendus pour respecter le "frein à l'endettement" inscrit dans la Constitution du pays. Celui-ci stipule que les comptes publics globaux doivent rester à l'équilibre, ou dans le pire des cas ne pas dépasser un déficit de 0,35% du PIB.
- 'Résultat particulièrement positif' -
Cet accord de principe risque de ne pas être apprécié par les principaux partenaires européens de l'Allemagne, comme la France, ou le Fonds monétaire international (FMI), qui depuis des années réclament à l'Allemagne qu'elle dénoue les cordons de la bourse pour soutenir davantage la demande et la croissance européenne dans son ensemble.
Suite aux élections législatives de fin septembre remporté par le parti d’Angela Merkel, et à la décision des sociaux-démocrates de passer dans l’opposition, les conservateurs n’ont pas d’autre choix arithmétiquement que de tenter de former une coalition avec les Libéraux et les Verts pour avoir une majorité à la chambre des députés.
Les négociations budgétaires en particulier s’annonçaient au départ compliquées, entre les conservateurs attachés à l’héritage de Wolfgang Schäuble, des Libéraux eux aussi favorables à l’équilibre des comptes mais réclamant dans le même temps des baisses d’impôts et donc des coupes dans les dépenses pour compenser, et les Verts partisans de davantage d’investissements publics.
"Cela a été une longue soirée de négociation mais cela en a valu la peine", a commenté le secrétaire général de la CDU Peter Tauber.
La représentante du FDP Nicola Beer a parlé elle d’un "résultat particulièrement positif" et indiqué que divers allègements d’impôts étaient prévus en particulier pour les familles et les revenus modestes.
Les partis se sont aussi entendus pour mettre fin progressivement au financement par l’impôt de subventions spécifiques bénéficiant depuis 1990 aux régions de l’ex-RDA.
Le négociateur des Verts, Jürgen Trittin, s’est lui montré plus prudent. Le résultat a été obtenu "à la condition de trouver un financement" pour l’ensemble de la politique du futur gouvernement, dont les différents axes doivent encore être discutés.
Les trois partis doivent s’attaquer mercredi et jeudi aux questions européennes.
Ils sont tous unis "pour envoyer un signal pour une Europe plus forte" mais "il y a encore des avis très différents quant aux moyens nécessaires", a dit un responsable des Verts, Michael Kellner.