PARIS (Reuters) - François Hollande a promis mardi qu'il ne céderait pas aux pressions politiques ou sociales contre la loi Travail, au début d'une nouvelle semaine de mobilisation contre cette réforme qui déchire le Parti socialiste au pouvoir.
"Il faut agir et je continuerai à agir", a dit le chef de l'Etat sur Europe 1. "Cette loi, elle va passer (...) Je ne céderai pas parce qu'il y a eu trop de gouvernements (...) qui ont cédé, d'où l'état du pays que j'ai trouvé en 2012."
Faute de pouvoir convaincre une quarantaine de députés "frondeurs" du PS de voter ce texte, le gouvernement a dû engager la semaine dernière sa responsabilité pour le faire adopter en première lecture à l'Assemblée nationale.
Mais tout ce que la France compte d'opposants à ce projet, de la droite à la gauche en passant par les syndicats contestataires, CGT et Force ouvrière en tête, ne désarment pas.
Les routiers, qui craignent pour le paiement de leurs heures supplémentaires, ont ouvert le feu dans la nuit en bloquant des centres logistiques, comme dans la région bordelaise, ou en provoquant des bouchons sur de grands axes, comme près de Caen, en Normandie, ou de Rennes, en Bretagne.
Sept syndicats de salariés, d'étudiants et de lycéens (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) ont lancé un appel à deux journées de manifestations et de grèves, mardi et jeudi.
Dans le secteur pétrolier, la CGT et FO appellent à des blocages des raffineries et des dépôts de carburants.
Des débrayages sont aussi attendus dans les transports en commun et aériens. La SNCF prévoit un trafic perturbé sur toutes les lignes en raison d'un appel à une grève nationale mercredi.
François Hollande a cependant rejeté l'idée que le pays soit au bord du blocage.
"CETTE LOI, ELLE VA PASSER"
"Je n'ai pas le sentiment, même aujourd'hui, qu'il y ait un mouvement qui met en péril les moyens de circuler", a-t-il dit.
Il a estimé que le projet de loi porté par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, était équilibré. Il s'est prévalu du soutien des syndicats réformistes, dont la CFDT, et d'une majorité d'élus socialistes.
Il a dit vouloir conduire les Français "vers une forme de sociale-démocratie à la française, où il sera possible que l'Etat ait toute sa place et où les partenaires (sociaux) pourront jouer tout leur rôle".
Le chef de l'Etat a réaffirmé sa volonté d'être ferme avec les casseurs, qui agissent en marge des manifestations contre la loi El Khomri, rappelant au passage que quelque 350 policiers avaient été blessés depuis deux mois.
"Manifester c'est un droit. Casser, c'est un délit et donc ça sera puni", a-t-il déclaré. Il a précisé que les étrangers qui participent à ces violences seraient reconduits à la frontière.
Il a cependant assuré que des consignes avaient aussi été données pour éviter que des jeunes soient gravement blessés.
"Nous devons faire très attention", a-t-il déclaré. "Il ne s'agit pas de faire une répression (...) qui serait rapidement regardée comme une provocation."
(Jean-Baptiste Vey et Emmanuel Jarry, avec correspondants, édité par Yves Clarisse)