L'économie japonaise a donné des signes de stabilisation en octobre, mais son manque de dynamisme a incité le gouvernement à approuver un nouveau plan de soutien à deux semaines d'élections législatives.
La troisième puissance économique mondiale avait crû vigoureusement en début d'année, dopée par les travaux de reconstruction des zones du Tohoku (nord-est) dévastées en mars 2011 par le séisme, le tsunami et l'accident nucléaire de Fukushima. L'économie avait aussi été soutenue par des subventions publiques à l'achat de véhicules.
Mais le Japon semble être entré en récession depuis la mi-2012, à cause d'une chute des exportations, notamment d'automobiles et de composants électroniques, vers l'Europe endettée et une Chine en croissance ralentie et plus réticente aux produits nippons à cause d'un conflit diplomatique.
Plusieurs statistiques publiées vendredi à Tokyo ont toutefois laissé apparaître en octobre une pause dans la dégradation des derniers mois.
La production industrielle a grimpé de 1,8% par rapport à celle de septembre, grâce à une accélération de la fabrication de semi-conducteurs et d'écrans à cristaux liquides de petites et moyennes tailles, a annoncé le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti).
Les groupes nippons, importants fournisseurs du secteur, semblent avoir profité de la sortie de produits (système d'exploitation Windows 8, iPhone 5, console de jeu Wii U, etc.).
Autre facteur encourageant, les industriels prévoient une forte augmentation de la production en décembre (+7,5%), après une stagnation en novembre, d'après le Meti.
Les producteurs d'équipements pour les transports, de produits et composants électroniques et de machines sont beaucoup plus optimistes pour la fin d'année, tablant pour partie sur un rebond de l'activité en Chine.
En octobre toujours, la consommation des ménages s'est quasi stabilisée (-0,1% sur un an) après avoir dévissé au mois précédent, a rapporté le ministère des Affaires intérieures.
Les loyers ont diminué en moyenne, en raison d'une déprime du marché immobilier. Les clients ont en revanche dépensé davantage en équipements électroménagers et systèmes de chauffage, dans les transports en commun et pour l'achat de voitures, s'appuyant sur la progression de leurs revenus (+0,9% pour les ménages salariés).
Reste que le Japon est toujours en déflation, ce qui décourage l'investissement des entreprises et incite les consommateurs à retarder leurs achats, dans l'espoir de bénéficier plus tard de tarifs plus avantageux.
Les prix à la consommation, hors produits périssables, ont certes stagné sur un an, mais ils ont continué de reculer franchement dans l'électroménager et l'électronique grand public sur fond de concurrence féroce entre fabricants.
C'est la forte hausse des tarifs de l'électricité (+5,8%) qui a empêché, en bonne part, l'indice général de rester en territoire négatif: les compagnies japonaises ont élevé leurs prix pour compenser les surcoûts liés à la suspension de leurs centrales nucléaires, près de deux ans après Fukushima.
La lutte contre la baisse des prix, à l'oeuvre depuis plus de trois ans, constitue l'un des principaux thèmes de campagne du principal dirigeant de la droite, Shinzo Abe, qui espère ravir son poste au Premier ministre, Yoshihiko Noda (centre-gauche), à l'issue des législatives du 16 décembre.
M. Abe a promis d'exiger une politique monétaire encore plus souple de la part de la banque centrale du Japon, et d'envisager un réexamen de son statut d'indépendance. Il espère ainsi favoriser une baisse du yen, qui a atteint ces derniers mois des records de vigueur handicapants pour les firmes nippones à l'étranger.
Soucieux de montrer sa détermination en cette période électorale, le gouvernement de M. Noda a pour sa part approuvé vendredi un plan de soutien économique équivalent à 8,5 milliards d'euros.
Ces moyens seront notamment affectés à des secteurs rencontrant des difficultés (agriculture, pêche, soins à la personne, etc.), ainsi qu'aux travaux publics pour la reconstruction de la région du Tohoku.
Le gouvernement espère que ce plan, cumulé à un précédent de quelque 5 milliards d'euros, va entraîner la création de 120.000 emplois.