L'économie chypriote va considérablement souffrir dans les deux années à venir avec la réduction drastique du secteur bancaire imposée par la zone euro et le FMI en échange d'une aide de 10 milliards d'euros, selon un document de la troïka révélé mercredi.
Le Produit intérieur brut de Chypre devrait se contracter d'environ 12,5% en 2013 et en 2014 et être lourdement affecté par la restructuration du secteur bancaire, qui pèse très lourd dans l'économie du pays, indique ce rapport qui doit être discuté vendredi lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Dublin.
Dans le détail, l'économie chypriote devrait se contracter de 8,7% en 2013 et de 3,9% en 2014, avant de renouer avec la croissance en 2015 avec un PIB en hausse de 1,1%.
Au cas où la situation s'aggraverait, Nicosie "s'est engagé à prendre des mesures supplémentaires pour atteindre les objectifs définis dans le cadre du programme d'aide" décidé fin mars, souligne le document de 16 pages.
Le plan d'aide prévoit théoriquement que Chypre reçoive 9 milliards d'euros de la zone euro, via son fonds de secours et 1 milliard du FMI. Ces sommes devraient en grande partie servir à la recapitalisation des banques chypriotes.
En échange, le pays doit trouver quelque 13 milliards d'euros, un montant bien plus important que les 7 milliards évoqués initialement. La majeure partie viendra de la restructuration des banques comprenant une ponction imposée à certains déposants, et le reste de privatisations, de la vente de réserves d'or excédentaires et de réformes douloureuses dont une hausse des impôts et une baisse des effectifs de la fonction publique.
Le prêt que va recevoir Chypre va avoir une incidence sur sa dette publique: elle devrait atteindre 109% du PIB cette année, contre 86,5% en 2012. Elle montera ensuite à 123% en 2014 et 126,3% en 2015, avant de légèrement refluer l'année suivante, selon les projections inscrites dans le rapport.
La zone euro doit se prononcer vendredi sur l'ensemble de mesures que doit mettre en oeuvre Chypre pour bénéficier du prêt de 10 milliards d'euros et recevoir comme prévu un premier versement début mai. Elle devrait a priori donner "un feu vert politique", selon un diplomate européen.