Le conseil d'administration d'Arianespace a choisi un politique, Stéphane Israël, actuel directeur de cabinet du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, pour diriger l'entreprise et conforter sa place de numéro un mondial du lancement de satellites.
Le poste de PDG était vacant depuis la nomination le 3 avril de Jean-Yves Le Gall parti présider le Centre national d'études spatiales (Cnes), l'agence spatiale française et principal actionnaire de référence d'Arianespace avec 34,68% du capital.
Né en 1971, Stéphane Israël, prendra ses fonctions dès lundi, a précisé Arianespace dans un communiqué publié à l'issue du conseil d'administration.
Sa nomination n'est pas une surprise. Son nom circulait avec insistance depuis plusieurs semaines. Le quotidien Libération a même affirmé cette semaine qu'il était le seul candidat en lice, après le renoncement de ses deux principaux concurrents Joël Barre numéro 2 du Cnes et Louis Laurent, directeur des programmes d'Arianespace.
Arianespace, entreprise européenne stratégique, a d'emblée fait valoir qu'en dépit de ses fonctions actuelles, Stéphane Israël n'était pas étranger au monde de l'aéronautique et du spatial.
En 2001, dans le cadre de ses fonctions de magistrat à la Cour des comptes, à sa sortie de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), il avait participé "notamment à des missions sur la politique spatiale", a souligné le groupe.
Six ans plus tard, il avait rejoint "l'industrie aéronautique et spatiale, d'abord comme conseiller du PDG d'EADS Louis Gallois, puis en occupant des responsabilités opérationnelles au sein d'Astrium Space Transportation et d'Astrium Services (filiale du groupe d'aéronautique et de défense d'EADS, ndlr)", a ajouté Arianespace.
"C'est un très grand honneur pour moi de me voir confier les rênes de la société qui est aujourd'hui la référence mondiale du transport spatial", a déclaré l'intéressé, cité dans le communiqué.
De son côté, Jean-Yves Le Gall a estimé que "l'expérience de M. Israël acquise au cours de ses fonctions précédentes, le qualifie parfaitement pour relever les défis opérationnels, commerciaux et financiers" d'Arianespace.
M. Le Gall, qui a dirigé l'entreprise de 2001 à avril dernier, a enfin assuré que dans ses nouvelles fonctions, il s'emploierait "sans relâche à faciliter" l'action de Stéphane Israël.
Le nouveau PDG devra conforter la place du numéro 1 mondial de la société dans un secteur amené à évoluer avec l'arrivée sur le marché de l'opérateur américain privé SpaceX et son lanceur Falcon 9.
Pour l'heure, l'entreprise est dans une position confortable. L'an passé, Arianespace a en effet engrangé 60% des commandes du marché, aux dépens de ses concurrents russe Proton et SpaceX. Son carnet de commandes s'élève à 4 milliards d'euros, représentant trois ans d'activité.
Pour autant, face à la concurrence, Stéphane Israël devra superviser l'arrivée d'Ariane 6 au début des années 2020 qui doit permettre au lanceur européen d'avoir davantage de flexibilité, avec un coût pour lancer un satellite de "15 à 20% moins cher".
Outre le Cnes, les actionnaires d'Arianespace sont Astrium (16,85%), la filiale espace du groupe européen EADS et les industriels de dix pays européens.
L'an passé, la société a dégagé un bénéfice net en hausse de 6,2% à 1,7 million d'euros sur un chiffre d'affaires de 1,3 milliard (+28,7%).
Pour 2013, Arianespace vise un chiffre d'affaires du même ordre et prévoit, en outre six lancements d'Ariane 5 (dont le premier a déjà été réalisé), trois lancements de Soyouz au CSG (au-delà d'un lancement à Baikonour déjà effectué) et un lancement de Vega.