Après Crédit Agricole avec BforBank ou Société Générale avec Boursorama, BNP Paribas va lancer jeudi son offre de banque en ligne, un marché encore marginal en France, pourtant moins coûteux pour les banques comme pour les clients.
Si BNP attend jeudi pour dévoiler le modèle et la marque de sa nouvelle banque lancée simultanément en France, Belgique, Italie et Allemagne, certains détails ont déjà filtré dans la presse économique, comme son nom "Hello Bank by BNP Paribas" ou l'objectif de 500.000 clients visés dans les cinq ans.
"L'industrie bancaire entre dans une nouvelle ère où de plus en plus de clients souhaitent bénéficier de tous les avantages des nouvelles technologies", avait fait valoir le directeur général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, lors de l'annonce du projet en début d'année.
La nouvelle banque n'aura aucun lien avec les agences BNP Paribas et devrait être totalement intégrée aux réseaux sociaux, conçue pour un accès facile via les appareils mobiles comme les tablettes et téléphones, et il n'y aura pas de conseillers attitrés pour les clients, indique une source proche.
Pour cette année, la nouvelle entité viserait 25.000 comptes et souhaite atteindre la rentabilité en trois à quatre ans, précise la même source.
A titre de comparaison, Boursorama, qui revendique l'offre de banque en ligne "la plus complète du marché", comptait plus de 440.000 clients à la fin du premier trimestre, dont 270.000 comptes courants, et en vise 500.000 d'ici la fin de l'année.
ING Direct, filiale du néerlandais ING initialement concentrée sur l'épargne, comptait pour sa part 880.000 clients en France fin 2012, dont 150.000 équipés d'un compte courant, produit lancé en juin 2009.
BforBank, la filiale de banque en ligne haut de gamme du Crédit Agricole, dit avoir attiré 100.000 clients à fin 2012.
"Même si elle est marginale, la banque en ligne répond clairement à une attente de la population" estime Baudoin Choppin de Janvry, spécialiste de la banque de détail chez Deloitte.
"Elle s'adresse aux clients qui réalisent beaucoup de transactions mais n'ont pas besoin de conseil", estime-t-il. Selon lui, le client type appartient aux classes moyennes et supérieures, est technophile, urbain et autonome.
"Dans les banques en ligne, le client fait l'opération lui-même, la gestion est beaucoup moins chère" et côté clients, l'avantage c'est que les tarifs sont plus attractifs, les relations avec la banque plus simples, poursuit-il.
"La réglementation va limiter le PNB (produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires) des banques, or le réseau physique coûte très cher. Si elles veulent augmenter leur rentabilité, les banques doivent donc faire des économies de coûts et pour cela revoir leur système de distribution, le numérique étant l'une des voies pour y arriver", estime de son côté Eric Delannoy, vice-président du cabinet de conseil en stratégie Weave.
Pour M. Delannoy, on ne va pas assister pour autant à un basculement vers le tout numérique. Les banques en ligne ne représentent aujourd'hui qu'entre 2,5 et 3% du marché bancaire, et si les réseaux ferment certaines agences, la majeure partie de la population n'est pas prête à se passer du lien physique avec la banque.
"Il y a une contradiction dans le modèle français: il y a une demande pour les nouvelles technologies mais 85% des gens continuent à plébisciter les agences de proximité, qui rassurent et permettent d'obtenir des conseils sur des produits complexes", explique-t-il.
Selon lui, la banque en ligne à davantage vocation à devenir une deuxième banque ou à se développer autour d'une communauté, en proposant des services dédiés.