Le gouvernement dévoile jeudi 34 plans de "reconquête industrielle" pour préparer au défi de la compétition mondiale ses filières les plus prometteuses, autour du TGV et des voitures du futur, de textiles innovants, de biocarburants, et autres objets connectés.
Ces plans d'action, qui expriment la "Nouvelle France industrielle", sont présentés à l'Elysée par le président de la République François Hollande, avec le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et en présence de plusieurs autres ministres.
A travers ce programme, la France, forte d'une tradition d'ingénieurs et d'inventeurs, mais dont l'industrie a décliné depuis des années, veut retrouver une place majeure dans les grands pays industriels à horizon de 10 ans et conquérir des positions fortes en créant les objets du futur.
"Ces 34 plans ont pour but de nous repositionner dans la mondialisation et de nous rendre plus forts, en mettant beaucoup de moyens: nos ressources technologiques, industrielles, économiques, humaines, financières", a expliqué M. Montebourg à l'AFP.
Trois grand axes stratégiques seront définis par le président de la République: la transition énergétique et environnementale, la santé et le numérique. Les plans doivent permettre à terme d'augmenter la part de l'industrie dans le produit intérieur brut français et les emplois.
L'ensemble est le fruit d'une analyse d'un an au sein du ministère du Redressement productif, avec le concours du cabinet McKinsey, qui a aidé "à concentrer les forces sur les points forts, les atouts" de l'industrie française.
Une renaissance
"Notre socle est très rétréci, mais très solide. C'est une base pour redémarrer et partir à la conquête de marchés nouveaux" et "recommencer à faire croître nos parts de marchés", a souligné le ministre qui appelle à "une renaissance" de l'industrie.
"Les changements de mode de vie vont avoir des conséquences industrielles, en termes de produits et de créations d'emplois, si nous les exploitons", estime-t-il.
Selon les estimations du cabinet McKinsey, les 34 plans industriels pourraient se traduire en dix ans par près de 480.000 emplois industriels soit créés soit renforcés là où ils étaient menacés. Le projet pourrait dégager 45 milliards d'euros de valeur ajoutée au bout de dix ans et 18 milliards d'euros d'exportation en plus.
Une estimation jugée "réaliste, mais très volontaire" par Arnaud Montebourg, qui a placé le made in France au coeur de son action.
Le ministre a lancé en début d'année une nouvelle stratégie de filières industrielles avec l'objectif à la fois de consolider les industries existantes et d'investir dans des technologies clé pour le long terme en visant des innovations de rupture. La définition des 34 plans industriels s'inscrit dans cette philosophie.
Quelque 80% de ces "plans de reconquête industrielle" sont des projets issus des filières et l'Etat a pris "la décision de les porter, de les réunir, de les ordonner et de les financer", a souligné M. Montebourg.
Certains des projets étaient déjà lancés au sein des filières comme la voiture consommant 2 litres aux 100 km ou le "TGV du futur". Les 34 plans couvrent un vaste éventail de secteurs: transports (véhicule sans pilote, avion électrique), textile, bois, chimie verte, réseaux électriques, numérique, robotique, biotechnologies médicales, nano-électronique, objets connectés, etc.
La "grande innovation" revendiquée de la Nouvelle France industrielle est que les chefs de projets chargés de la mise en oeuvre seront en très grande majorité des industriels, "chefs d'orchestre" des projets. Ils devront constituer les équipes et bâtir des coopérations entre public et privé.
L'État interviendra à travers la législation, les moyens fiscaux, les commandes, mais aussi avec des financements publics comme le Plan d'investissements d'avenir. Au total, 3,7 milliards d'euros d'argent public pourraient être consacrés aux plans, avec l'objectif que l'investissement privé prenne le relais à un niveau supérieur.