Le nombre de personnes inscrites au chômage en France a continué à augmenter en février, mais légèrement, a annoncé mercredi le ministère de l'Emploi, alors qu'aucun retournement de tendance n'est à attendre avant l'année prochaine.
Selon Pôle emploi et l'OCDE, la baisse du chômage se fera attendre jusqu'en 2011 et sera faible.
Le gouvernement a vu dans la hausse modérée de février une tendance à l'amélioration et à la stabilisation. Mais les syndicats, qui ont mobilisé entre 380.000 et 800.000 personnes dans de nombreuses villes de France mardi, réclament en "urgence" (CFDT) des "initiatives" (FO) du gouvernement, pour répondre à la montée du chômage de longue durée et des chômeurs en fin de droits.
Fin février, 2,667 millions de personnes étaient inscrites dans la première catégorie (dite A) à Pôle emploi en métropole (+0,1% ou +3.300 personnes par rapport à janvier) selon le ministère.
Dans cette catégorie, Pôle emploi recense tous ceux qui cherchent tout type de contrat de travail et n'ayant pas du tout travaillé dans le mois.
L'autre indicateur de référence englobant les catégories A, B et C, inclut les demandeurs d'emploi qui occupent une activité réduite dont les petits revenus sont déduits de l'indemnisation chômage. Plus d'1,2 million de personnes ont ainsi un pied dans l'emploi, un pied dans le chômage.
En comptant les départements d'outre-mer (DOM), la barre des 4 millions de demandeurs d'emploi a été franchie cet automne. Fin février, ils étaient 4,112 millions et 3,872 millions (+0,2% ou +7.800) en seule métropole.
La faible hausse de février cache de fortes hausses pour les hommes et la tranche d'âge des 50 ans ou plus, hommes et femmes confondus.
En outre, le chômage de longue durée accélère, puisque le nombre de demandeurs d'emploi inscrits depuis un an ou plus fait un bond de 30,4% sur un an (catégories A, B, C) tandis que le nombre d'inscrits depuis moins d'un an a baissé de 0,9% en février (+7,1% sur un an), selon le ministère.
Mercredi, dans sa déclaration solennelle après la défaite de sa majorité aux régionales, le chef de l'Etat a évoqué la lutte pour l'emploi sans parler des chômeurs en fin de droits.
"Nous avons fait le choix de ne laisser personne sur le bord de la route. Tout ce qui pouvait être mis en oeuvre pour protéger des effets du chômage a été entrepris", a-t-il dit.
Malgré les difficultés budgétaires, le gouvernement n'est pas prêt de lever le pied sur les allègements de cotisations sociales, souvent réclamées par le patronat et multipliées depuis 2007.
"Nous devons continuer à alléger nos charges sur le travail (...)", a-t-il dit.
Pour le chef de l'Etat, sa politique permet à la France de "mieux traverser la crise que la plupart de ses partenaires", dont certains comme l'Espagne ou la Grande-Bretagne ont vu leur taux de chômage augmenter beaucoup plus vite au début de la crise.
Proportionnellement, le marché du travail allemand a mieux résisté grâce au recours plus massif au chômage partiel.
En France, quelques clignotants sont repassés au vert ces derniers mois.
Les entreprises recommencent notamment à faire appel aux agences d'intérim et à Pôle emploi, les offres d'emploi déposées sont plus nombreuses qu'il y a un an (+17,4% par rapport à février 2009).
Pour les moins de 25 ans, Pôle emploi a enregistré une baisse des inscriptions en février (-0,9% en catégorie A et -0,8% en A, B, C).
Le taux de chômage masculin des 15-24 ans a néanmoins atteint un niveau record depuis 1975 selon l'Insee, rapprochant la France des contre-performances grecques.