par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Casino a été contraint de réviser ses ambitions à la baisse en introduisant sa filiale Cnova sur le Nasdaq à un prix nettement inférieur à la fourchette prévue.
Dans des conditions de marché devenues difficiles, le distributeur français a choisi d'introduire en Bourse ses activités de e-commerce au prix de 7,00 dollars par action, alors que la fourchette indicative avait été fixée entre 12,50 et 14,00 dollars.
A ce niveau, leur valorisation ressort à 2,3 milliards d'euros au lieu des 4,1 à 4,6 milliards prévus.
Le prix de départ a permis au titre Cnova d'ouvrir en hausse de 9% à 7,63 dollars pour sa première cotation à New York mais il a ensuite réduit ses gains au fil de la séance pour clôturer à 7,15 dollars, soit une avance ramenée à 2,14%.
A Paris, Casino a été lourdement sanctionné. La valeur a abandonné 3,96% à 81,15 euros, accusant la troisième plus forte baisse de l'indice SFB 120 qui a cédé 0,69%.
L'IPO pouvait sembler compromise cette année pour cause de très forte volatilité sur les marchés et de détérioration de l'économie brésilienne.
Mais Casino avait lancé l'opération début novembre, tout en limitant à 6%-7% seulement la part du capital de l'entreprise proposée aux investisseurs.
Les piètres résultats d'Amazon comme les mauvais débuts du distributeur de mode en ligne Zalando et de l'incubateur allemand Rocket à Francfort ont jeté un froid, nourrissant des inquiétudes sur un projet de cotation dévoilé en juin.
Les spécificités de Cnova, tant dans ses actifs que dans sa structure capitalistique, pourraient aussi avoir freiné les ardeurs des investisseurs.
STRATÉGIE DE LONG TERME
Ses deux grands actifs sont CDiscount, un des leaders du e-commerce non alimentaire en France, ainsi que le brésilien Nova Pontocom, détenu par Grupo Pao de Açucar, filiale de Casino et numéro un de la distribution au Brésil. A ces deux poids lourds s'ajoutent les actifs de e-commerce de Casino en Colombie, en Thaïlande, au Viêtnam et en Afrique.
"Les actifs sont éclatés au plan géographique (...) la taille de l'offre est limitée et la structure du capital est complexe", notent les analystes de Bernstein.
Pour Barclays, cette introduction constitue un important revers pour Casino. "La valorisation de Cnova est nettement inférieure à celle d'Amazon ou Alibaba (...) et le faible montant levé n'aura guère d'impact sur le bilan du groupe, tout en limitant le potentiel de développement de Cnova", estime l'analyste Nicolas Champ.
L'opération, qui portait sur une augmentation de capital de 26,8 millions d'actions, a permis à Cnova de lever 188 millions de dollars (150 millions d'euros) au lieu des 375 millions espérés initialement.
"L'IPO est décevante, par la taille comme par le prix", résume un analyste sous le sceau de l'anonymat, ajoutant qu'il aurait été probablement plus judicieux de décaler l'opération.
Chez Casino, on souligne que cette opération s'inscrit dans une stratégie à long terme qui permet à Cnova d'avoir accès à de grands investisseurs internationaux sur un marché boursier stratégique pour le secteur du e-commerce.
Cnova a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 3,66 milliards de dollars (2,93 milliards d'euros) et un volume d'affaires, revenus des places de marché compris, de 4,5 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros).
(Avec Gwénaëlle Barzic, Alexandre Boksenbaum Granier et Dominique Vidalon, édité par Jean-Michel Belot)